Pourquoi ? mais pourquoi un blog ?

Carrefour est pour, Auchan méchant, Leclerc persévère... Tantôt jolies, tantôt aigries, les caissières de votre hypermarché favori vous inspirent de la pitié, du mépris, de l'indifférence? Vous vous demandez si les "bip!" de la journée résonnent dans leur tête la nuit? Vous vous en foutez? Vous voulez en savoir plus? Sont-elles payées à ne rien faire? Que font-elles lorsqu'elles ne font rien? et Pourquoi une des roues du charriot dit "f*ck!" aux trois autres?
Que vous a-t-on caché sur ce que vous savez déjà? Sur vos habitudes? Etes-vous un vrai client?
Vous pensez tout connaitre sur l'univers extraordinaire du scanner aux multiples rayons lasers? Vous faites très bien la différence entre une batavia et une scarole? Alors faites chauffer la carte bleue, feuilletez votre chéquier pour vous assurez qu'il vous en reste quelques-uns, détachez votre caddie de celui qui le précède, et préparez vous à déchanter comme jamais vous n'avez chanté! Avec vos yeux, vos oreilles et le bout de vos doigts ! Passez donc du côté obscure de la caisse, où rêve et réalité vivent en harmonie comme le salade-tomate-oignon d'un sandwich kebab...
Parce qu'Internet le vaut bien et que le monde part en vrille, un ex-caissier aux chromosomes XY vous fait découvrir ses chroniques complètement à l'ouest!
Suivez le guide!

Aux frontières du réel

Un jour, un illuminé m'a dit: "Quand ce que tu vois te donne l'impression de rêver, c'est peut être parce que tu rêves".
Une phrase mémorable, quoique bateau à la puissance 10, à laquelle j'ai quand même bien envie d'ajouter ça: "Quand tu crois rêver mais que tu ne rêves pas, Comment ça déchire sa mère un truc de ouf!!!".

Et ce jour là, alors que tout semblait prouver le contraire, une chose est sure, j'étais loin, très très loin de mon lit douillet.

Une question pour la route:
Qu'y a-t-il de pire qu'une caissière aigrie ?
Réponse, une caissière aigrie au chômage.
Qu'y a-t-il de pire qu'une caissière aigrie au chômage ?
Réponse, une caissière aigrie qui devrait être au chômage mais qui continue à suinter l'aigreur...


Samedi, 15h14.
La marrée est montante. Je reviens tout juste de ma coupure de 45 minutes, et comme beaucoup des miens, j'ai mangé dans l'urgence. Au menu, un sandwich, 3 conversations, et 2 morceaux d'émissions 4 étoiles du samedi. Ce qu'il faut savoir sur la télévision de la salle de pause, allumée en permanence, c'est qu'elle voit défiler tout le personnel du magasin, à mesure que s'écoulent les heures, que se sirotent les cafés, que se consomment les sandwichs, que se propagent les ragots. Cette télé a un pouvoir particulier, tout le monde la regarde, quoi qu'elle diffuse. Une énième rediffusion de la petite maison dans la prairie ? Aucun problème, l'audience est médusée. Dans cette salle de repos, on croise nos collègues, on passe avec eux des instants privilégiés qui peuvent invariablement durer 2 minutes, 5 minutes, 15 minutes, 30 secondes, ça dépend. Pourquoi ça dépend ? Tout simplement à cause de la manière totalement anarchique avec laquelle fluctue le moment de nos décrochages respectifs, soumis aux aléas de la congestion aux caisses du magasin. (nos pauses dépendent du monde en caisse quoi. Oui, j'aime me la raconter sévère avec des phrases inutilement compliquées, et qui servent à rien).

Bref, je quitte la salle de repos (j'y ai laissé 2 gros durs en train de regarder Bob l'éponge...), je descend 2 par 2 les marches de l'escalier qui me ramène au bruit, aux odeurs, et à l'aveuglante lumière des néons. Je pointe sans tarder. Je récupère mon tiroir. Placement de caisse aléatoire. L'après midi peut commencer.
J'arrive juste à temps pour renforcer une armée sur le point d'être submergée, et ainsi éviter le chaos d'un rush déjà bien en place. (le "rush", c'est la "ruée" des clients, comme dans "la ruée vers l'or", sauf que là, ceux qui se ruent, le font pour payer!). Mon cadeau du jour, c'est la caisse moins de dix articles, avec toutes les options habituelles: festival de petite monnaie, et ses concours de calcul mental, consommation record de rouleaux d'imprimante, raz-de-marée des formules de politesse pour de faux... Bref, tout le confort moderne...

Et le petit bonus du jour, c'est Gisèle.
Je connais mal Gisèle, une caissière assez âgée, arrivée il y a quelques mois, qui me tient compagnie pour l'après midi, mais dans quelques minutes, j'allais en savoir bien d'avantage sur le personnage. Alors que le flot de clients s'écoulait gentiment d'un bout à l'autre de la caisse, comme les perles d'un collier (qui en compte beaucoup trop!), vient alors à la caisse de Gisèle le tour d'une dame qui serait probablement restée chez elle ce jour là si elle avait su que quelques tomates dans un sachet plastique lui aurait value d'être traitée de...
"Menteuse!" sous-entendit Gisèle. "Ça m'étonnerait qu'il n'y ait que 300 grammes de tomates dans ce sachet! c'est beaucoup plus lourd que ça! je le vois bien!".

L'impossible est arrivé. La caissière (audacieuse, courageuse, suicidaire...) soupçonne la cliente d'avoir rajouté des tomates après avoir fait peser le sachet à la balance. Chose qui est probablement monnaie courante vu la facilité du processus, et la faible probabilité de se faire prendre. Mais tout cela c'était sans compter sur le zèle en acier inoxydable d'une caissière à qui, visiblement, on ne la fait pas !
Très vite, c'est l'attention de toute la file d'attente, dans sa nature voyeuse et avide de problèmes sociaux, qui est focalisée sur le lieu du drame. L'audience est indignée, la cliente est humiliée, la caissière est sur le point de se faire virer. Le roller retourne peser l'objet du crime. Puis le verdict tombe, comme une braise dans la poudreuse, parfaitement rectiligne, aucune résistance ne s'oppose, la vérité est là, et elle est douloureuse pour notre caissière! Mais le mal est fait... et la cliente jura alors qu'elle ne remettrait plus jamais les pieds à l'endroit où son honneur fut bafoué et sa dignité piétinée, comme une tomate pourrie un jour de marché...

La chef de caisse, qui a appris le matin même qu'elle devenait grand-mère, gracia Gisèle la zélée, en ne lui donnant qu'un avertissement.

C'est fou, non ?
Ça fait rêver, n'est ce pas ?
Mais quand tout semble contradictoire dans ce que nous observons, que tous nos codes s'effondrent subitement comme un château de cartes fidélité, et qu'à ce point le rêve ressemble à la réalité, commence être sûr qu'on est bien éveillé?


Quand le cauchemar c'est la suspicion,
Vous consommez, Nous encaissons.

cLiENT SUIvant !

Le pouvoir des chats

Miaou...
Ils grattent vos murs, rayent vos meubles, déchirent vos canapés, vous coutent une fortune en whiskas, et pourtant, ils sont tellement mignons à voir... C'est sûr, les chats ont un pouvoir...

Au premier coup d'oeil que vous avez jeté sur le petit félin d'à peine quelques jours, vous auriez juré que chose si adorable ne faisait pas "caca", que vous seriez amis pour la vie et complices de chaque instant comme le font Sacha et Pikachu dans Pokémon, que finalement à quoi bon un conjoint alors qu'un chat est en mesure d'absorber la misère quotidienne que vous lui déballerez en rentrant le soir sans qu'il soit en mesure de vous demander de la fermer... En le kidnappant à sa mère, vous avez pensé à tout ça, et, à peu de choses près, vous avez vu juste! Alors bravo !! Félicitations !!! Vous faites désormais partie du carré très très V.I.P. des acheteurs de litières... (les chats ont un pouvoir !)

Les premiers jours, vous le faites kiffer comme vous pouvez, mais un rien l'amuse, et ça tombe bien ! Génial ! Parceque c'est la crise ! Et qu'on a pas les moyens de lui acheter les derniers accessoires "tendance" pour chat à la mode... Alors vous lui confectionnez une boule en froissant un morceau d'aluminium, ou vous laissez pendouiller des fils un peu partout dans la maison histoire que félix s'émerveille, tout en sautillant joyeusement... Cheap...
Mais parfois vous rentrez du travail et vous le surprenez en train de fumer une clope accoudé au siège des toilettes. Vous lui pardonnez tout. Il est tellement adorable !
Tout cela vous fait alors réaliser à quel point c'est vital pour lui de combler les temps morts entre les sessions barquettes de Sheba (pour lui dire "je t'aime") et les siestes (pour vous dire "Ass Hole!") par des activités stimulantes... (les chats ont un pouvoir!)

Alors, il parait qu'un jour, profitant d'un treizième mois providentiel, dans une ènième tentative de lui faire arreter la garo, vous avez succombé et dépensé quelques dollars dans un griffoir à accrocher aux poignées de porte ? Il parait qu'en rentrant chez vous, en plus d'avoir trouvé votre chat fumant un joint, vous vous êtes rendu compte qu'une fois accroché, le griffoir était bien trop haut pour que le chat puisse l'atteindre? Votre voisine raconte vous avoir entendu prononcer un mot dans un Anglais parfait, digne du WallStreet Institute. Était-ce le mot "Fuck"? Serait-ce le mot "Fuck"? Qui peut le dire ? Vous peut-être...
Les plaids ne repartiront pas au placard...
Allé c'est pas grave, après tout on est pas à quelques euros de la misère ! Et il parait que les "Princes" de Lu ont perdu 10% de produit du jour au lendemain tout en stagnant au même prix (Féérique!), que le tarif des produits laitiers a augmenté de près de 50% en quelques mois (miaouw!), que la pomme de terre à pris 800% d'augmentation en quelques années (French Fries!)...
Parfois, dans les moments difficiles, votre intellect vous entraîne vers des raisonnements pour le moins étranges. Vous vous dites que vous ne serez bientôt plus en mesure de manger de la viande tellement les prix partent en sucette, mais à coté de ça, vous assistez à la folie des écrans plats dont les prix fondent comme neige sur le grill un soir de décembre... Et vous réalisez alors que 4 steaks font un lecteur DVD Funaï, et que 10 poulets vous ouvrent le graal de la HD Tokaï... Que reste-t-il de nos amours ? (5 Whiskas font une Nintendo DS... Les chats ont un pouvoir...)

Bref, vous l'avez compris, c'est la zermi... Alors quand vous passez en caisse, pour minimiser la casse, se donner bonne conscience, et avoir l'impression de ne se faire entuber par le système qu'à moitié, vous agitez frénétiquement vos cartes de fidélité, vous brandissez telle une arme la liasse de bons de réduction dont la moitié sont périmés, vous profitez d'une offre spéciale pour réglez vos articles en 4 fois sans frais. Vous ramez. Mais une fois de plus, la moitié des roros a servi à financer une spéciale dédicace à l'hygiène de votre chat et à son petit estomac tout mignon.

D'ailleurs, combien vous dépensez chaque mois pour subvenir aux besoins de ce fumeur compulsif ?
Pas assez comparé à l'infini bonheur accidentel qu'il vous procure ?
Pas grand chose devant le spectacle que constitue la grâce et la prestance du félin affalé ?
Trois fois rien si on réalise à quel point il est attaché à vous, tout en ayant pas vraiment le choix ?
Aucun doute, c'est bien ça qu'on appelle "Le pouvoir des Chats" !


Avec deux boites de Friskies et une boîte de RonRon,
Vous consommez, Nous encaissons.

cLIEnT suIvANt !

Au fait! Lorsque dans votre hypermarché, à votre caissière exténuée, vous brandissez votre carte de fidélité, accrochée à un énorme trousseau de clés, à faire passer celui de Passe-Partout pour un jouet, rappelez vous que votre caissière vous déteste... Tandis que votre chat, lui, continue de vous aimer...

Votre quart d'heure de gloire

pssshhhhhttt...... Il est 21h45... votre magasin ferme ses portes dans 15 minutes... nous prions notre aimable clientèle de bien vouloir se diriger vers les caisses... merci... pssshhhhhttt......

Voila pour la version officielle. Maintenant, voici ce que vous devez comprendre
:

pshhhfuuuuckkk...... Il est très précisément l'heure à laquelle vous devriez être en train de récurer les oreilles de vos enfants avant de les envoyer se coucher... au lieu de cela, vous arpentez les allées du magasin à la recherche d'une improbable marchandise, trainant les pieds comme si vous visitiez le musée du Louvre, vous vous arrêtez 10 minutes sur chaque pot de yaourt afin de vous assurez qu'ils sont sans conservateur, et, lorsqu'enfin vous en tenez un, vous pénétrez au plus profond de l'armoire frigorifique pour tirer celui dont la date est la plus éloignée, abandonnant les autres pots de yaourt à une poubelle certaine... les rats se feront un plaisir... Chers clients, Vous possédez un esprit on ne peut plus logique et savez donc que plus votre charriot est rempli et plus il lui faudra du temps pour se déverser d'un bout à l'autre de la caisse, et pourtant, à 10 minutes de baisser le rideau, ignorant le charlot en rollers qui tente désespérément de vous ramener à la raison, à la maison,(il a raison!!!) vous continuez inlassablement à faire grincer l'armature métallique de votre caddie en lui faisant avaler tout et surtout n'importe quoi, il aime ça... A votre passage en caisse, votre "Everest" de marchandise sera tellement imposant que toutes les caissières fuiront votre regard comme la peste de peur d'être choisie, et celle que vous élirez souhaitera ne s'etre jamais réveillée ce jour là, sachant qu'à cause de vous, ce soir là, elle fera des heures sup, tout en gagnant à peu près exactement là même chose qu'en finissant dans les temps...
En certaines circonstances nous haïssons notre aimable clientèle, en d'autres, nous lui souhaiterions une longue agonie, rêvant de la voir s'étouffer sous les tonnes de marchandise qu'elle consomme........ et pourtant nous l'aimons....
C'est pourquoi, malgré tout, Nous remercions notre aimable clientèle d'avoir fait en sorte qu'une fois de plus, nos enfants puissent se coucher ce soir avec des bougies dans les oreilles.... fuuuuuckkkkshhhhtttt......


pshhht.....Vous consommez, Nous encaissons.......pshht.......

CliEnt SuIvaNt !

Scanner meurtrier

354 euros et 25 centimes. Ça, c'est la fin de l'histoire...
Parlons maintenant du début...
Fin d'après midi. Après une dure journée à squatter les bancs de la fac, telle une élite spartiate sur le point de se faire anéantir par un Xerxès à la tête d'une armée d'un million de clients prêts à en découdre, les étudiants caissiers prennent leur service. Avé César! Ceux qui vont nourrir te saluent!

L'étudiant à mi-temps arrive au travail avec ses 5 minutes syndicales de retard quotidien, c'est la règle. Mais il a une excuse en béton armé, enfiler sa tenue de travail, ça prend du temps! Alors tandis que les uns maîtrisent parfaitement l'art du débraillé (l'uniforme fourni par l'enseigne est bien là mais on sent bien que chaque étudiant y a apporté son petit quelque chose de "rébellion"), d'autres ont jugé bon d'arborer sur leurs chevilles les couleurs de la marque à la virgule, histoire de faire une fois de plus s'époumoner du chef de caisse, s'égosiller de la caissière principale, s'ouvrir les veines du directeur de magasin, ou encore kiffer à mort tous les copains... en vain... Une fois encore, au mépris de toutes les conventions internationales sur les armes bactériologiques, le jeune est rebelle, et les téléphones portables ne vont pas passer par la case "vestiaires"...
Quant à moi, les 8 heures d'informatique traumatisante de la journée sont déjà loin, mon esprit déglingué est également sur le point de kiffer une soirée 4 étoiles à scanner du petit pot pour bébé, à refouler des centaines de bons de réduction périmés, à chercher quelques milliers de codes barres bien dissimulés... pitié...
Avec sa chemise tirée à 256 épingles et sa coupe de cheveux parfaitement ajustée, le chef de caisse, dans son inspection minutieuse du personnel étudiant, jette un oeil rapide à ma barbe de quelques jours, puis, par un ton dénotant l'amitié, genre "non, non, je ne suis pas complètement un enfoiré", l'homme me glisse ces quelques mots: "Tu vois petit, toi au moins tu te rases avant de venir", 2 minutes auparavant, un certain Romain venait de se faire mettre à la mende pour quelques poils récalcitrants et disgracieux qui s'insultaient les uns les autres. Mais ce que le chef ignorait, c'est que si mes poils de barbe m'avaient fait l'honneur de pousser en temps, en heure et en quantité, je serais certainement, comme Romain, du nombre des "mis à la mende"... Ça a du bon la puberté à 22 ans...

Printemps déjà bien entamé, il est 19h00 et pourtant le soleil est encore bien là. Malgré l'heure tardive, la température avoisine les 24°. 10ème sac de charbon vendu en une quinzaine de clients, mes mains ressemblent à celles d'un mineur de fond, le grisou en moins, le client en plus. Pour accompagner le combustible, viandes en tout genre et bière comme s'il en pleuvait... tout cela a un prix, c'est la crise, mais qu'importe... Les tenues sont légères, sandales et tongs ont commencé leur long calvaire estival à supporter les effluves de leur porteur, tandis que s'avance vers ma caisse et moi-même une femme d'une quarantaine d'année, vêtue d'une espèce de toge en lin du Pérou, coiffée d'une espèce de salade en batavia d'Espagne... La dame me dit "Bonjour", je lui répond "Bonsoir", elle me répond "Bonsoir...", je ne lui répond rien, elle ne me répond rien non plus... Elle me tend un couvercle en plastique, j'ai du mal à comprendre. A-t-elle consommé à l'intérieur du magasin les 850g de bananes BIO, provenance Côte d'ivoire, dont elle me tend l'emballage, comme on consomme un début de baguette pour calmer une faim subite ou qu'on entame un paquet de gâteaux pour calmer des gosses bien relous??? Pas le temps pour moi de lui demander ce qu'elle avait fait de ses bananes que tombe alors LA réplique qui allait faire que 4 ans plus tard je me souviendrais encore des méandres tortueusement mal coiffées de sa tignasse brune: "Je vous passe seulement les couvercles, pour ne pas qu'ils soient irradiés par les rayons du scanner". Mais c'est qui "Ils" au juste?? Des rescapés de tchernobyl?? Les protagonistes du nouveau Spielberg??? Une banane en provenance de côte d'ivoire??? Ok, Ok... j'ai capté le délire... Encore un de ces moments où on est sur le point d'ouvrir sa bouche, pour finalement la garder bien fermée... à quoi bon?
8 couvercles plus tard et une soixantaine de produits issus de l'agriculture biologique au compteur, notre amie ultra-BIO-psychopathe laserophobe s'apprête à débourser 354 euros et 25 centimes... Sans doute le prix de la sécurité alimentaire... ou encore les honoraires d'un bon psychiatre...


Vous aimez les légumes, Nous scannons leurs emballages. A mort les radiations!!!
Vous consommez, Nous encaissons.

CliEnt SuIvaNt !

Repassez, Madame, s'il vous plait !

Vous êtes vous déjà fait fouiller ou palper par un agent de sécurité pendant votre visite hebdomadaire à votre caissière favorite? Jamais? Ça vous rend triste? Zaho trouve ça "chelou", tandis que vous, vous trouvez ça "relou"? Vous aimeriez, au moins une fois dans votre vie, sentir sur vos flancs la délicate caresse du geste précis du vigile habile, cherchant sur vous une éventuelle marchandise que vous auriez subtilisée aux rayons du magasin sans la payer? Eh bien rêvez toujours, ça n'arrivera pas !

Respiration lente, regard dans le vide, il se tient là, à quelques mètres des caisses, à quelques mètres de vous, debout, bras croisés, rêves brisés, impassible, bercé dans l'accoutumance par la nuisance des sonorités musicales d'une galerie marchande qui voit passer, chaque jour, un millier de ses aller-retours. Qui sait à quoi pense l'agent de sécurité lorsque, traversant le vide, son regard se perd, ça et là, atteignant des cibles improbables? Tantôt par les formes généreuses d'une cliente ses pupilles sont dilatées, tantôt par l'ignoble larcin de l'ado débile son rectum est irrité... Les talons de ses chaussures noires ont maintes et maintes fois frappé le carrelage tandis que la peur au ventre il allait vérifier l'authenticité d'un gros billet, les multiples cartes d'identité d'un gros payeur, ou les frasques maladroites du gros voleur... En vain... Car comme son nom l'indique, le Far-West c'est loin !!! Nulle aventure extraordinaire ne l'attend, alors de temps en temps, il s'en invente...

Au détour d'un instant fugace, son attention est attirée par la douce et stridente alternance des alarmes de portiques de sécurité. Tandis que la cliente affolée soutient "qu'elle n'a absolument rien volé" à une caissière qui aurait très bien pu se passer de cette réplique du "Top 10", le vigile se précipite alors, avec lenteur et professionnalisme, vers le lieu du crime, prêt à accomplir une tâche qu'il connait bien. A l'instar de nos amis des DOM-TOM, l'agent de sécurité pratique la nonchalance avec une classe et une dérision comportementale qui lui est propre, il n'en reste pas moins qu'il connait très bien chuck norris, et que par conséquent c'est avec la grâce du jaguar qui a la dalle, avançant en direction de sa proie un jour de grève des bouchers, que l'agent imite la démarche du "Texas Ranger", s'approchant lentement de la caisse, pour ne pas créer de mouvement de panique parmi les clients les plus fragiles psychologiquement. C'est la règle. Point de panique inutile.
Bien avant sa couleur de peau, c'est son accent "coupé-décalé", "Jeu de jambe Papi!" qui trahira la chaleur de ses origines, lorsque comme à son habitude il demandera au client ayant déclenché l'alarme de "repasser entre les portes". Le client s'exécutera. Toujours trop vite. 2008 et pourtant, les portiques de sécurité partent encore en vrille pour un lacet mal fait et le client ne comprend toujours pas la règle élémentaire: Avant de repasser, il doit attendre la fin de la musique et des gyrophares. RAS. Pas d'alarme au deuxième passage, le client est "clean". Notre agent aimerait porter le doigt à son oreillette comme Jean-Luc Delarue pour signaler à ses collègues que la situation est sous contrôle, ça lui donnerait un peu l'impression d'être dans un épisode de 24 heures chrono, mais non seulement c'est inutile, mais en plus il n'a pas ce genre d'oreillette... Comme le rêve a ses raisons que l'utilité ignore, pour se faire un kiffe, il va quand même, de temps en temps, mimer le geste et prononcer dans l'air quelques paroles façon GIGN, histoire d'en mettre plein la vue à une étudiante qui passerait par là...

99% des interventions des agents de sécurité se font en mode "Bluetooth", genre zéro contact physique avec le client. Mais alors, me direz-vous, pourquoi avoir attaché tout en haut cette image d'un agent de sécurité palpant un pauvre monsieur à qui le port du bouc va si bien?? Probablement pour le délire, ou parce que c'est tout ce que j'ai trouvé (arf...). D'ailleurs, ce que l'image ne dit pas, c'est qu'ensuite, au détour d'une chambre noire, l'agent va procéder à une fouille anale des plus humiliante, façon Jules Verne, afin de détecter la présence éventuelle de coupe-ongles, parpaings, couteaux, et autres matériaux explosifs ou de construction que le passager aurait pu ingérer par le bas à la manière d'un suppositoire.

Ouais c'est devenu la merde de prendre l'avion...

à suivre...

Vous consommez, Nous encaissons.

CLiEnt SUivAnT !

Ps: Oui, j'en suis conscient, j'étale en l'espace de quelques lignes la plus grosse collection de clichés à l'ouest du Mississipi, mais voyez plutôt cela comme un cas particulier qui s'est présenté aux yeux émerveillé d'un étudiant à la vie glauque et morose...
Big up à nos compatriotes des DOM-TOM et d'ailleurs, et gros respect à nos amis agents de sécurité, et ce, quelque soit le trottoir ayant hébergé leurs premiers pas, la destination imprimée sur leur billet d'avion estival, ou encore la nature de leur relation avec la langue française...

Voyage, Voyage... (2)

Toujours la même galère. On est pour, on est contre, au final, dans cet océan urbain hostile et dé-fiscalisé, il faut bien trouver à nos amis du voyage un endroit où accoster. Pas simple pour eux de dénicher "le" terrain vague où ne règne pas déjà la malaria, la grippe aviaire ou le virus ébola, et qui accueillera sans encombre la dizaine de caravanes du convoi. Et lorsqu'après des semaines de vadrouille à cambrioler côtoyer les aires d'autoroute, ils s'installent enfin, on use souvent de tous les stratagèmes possibles et imaginables pour les expulser, les mettre dehors, les éjecter, les renvoyer...
Mais de quoi a-t-on peur au juste??? Eh bien comme d'habitude, les clichés ont la vie très très dure!!! Un camp de gens du voyage à proximité d'un quartier, et c'est la chute libre des prix de l'immobilier, accompagnée d'une foudroyante déstabilisation de l'économie locale: Banqueroute et dépôt de bilan de toutes les entreprises de réparation de chaises en paille (la concurrence est trop rude), +210% de création d'entreprises de vente et d'installation de systèmes d'alarmes, -90% sur le prix des appartements en rez-de-chausée, -120% sur les duplex en rez-de-jardin (oui, ça ne veut rien dire), pénurie soudaine de certains produits, +100% sur les sacs à main, +50% sur les sabots en bois à semelle compensée provenance Roumanie avec double renfort en titane, +300% de faux billets dans les caisses de Yollande la boulangère (un 500€ pour une baguette ça sentait l'arnaque...), +225% de chèques sans provision dans les mains de Robert vendeur d'accessoires pour caravanes, Louise et Jeanine, caissières chez Franprix, ont été formées, et pourtant, +40% d'apparition soudaine et inopinée de billets d'une valeur faciale de 1500€ avec Dora l'exploratrice en filigrane (ça aurait dû leur mettre la puce à l'oreille...)
Dur... Dur de s'installer quand les clichés s'accrochent, tels les morpions propriétaires squattant le pantalon bicentenaire de "dédé", employé SDF chez Pizza12...
D'ailleurs, dur, ça l'est d'autant plus lorsque dans leur recherche, la terre promise doit se trouver à proximité à la fois d'un point d'eau (bouche d'incendie, arrosage municipal...) mais aussi du "Point Info" d'un centre commercial, composante indispensable à la prospérité du groupe, et à la survie des estomacs. En effet, tenant souvent lieu d'annexe du camp, l'hypermarché a une importance capitale. Il est le lieu de prédilection, l'endroit où l'on rôde, l'endroit où les sabots s'érodent, l'endroit où les esprits s'évadent... Mais c'est surtout le terrain où la pratique s'applique, et les techniques s'affutent... La caissière est là, la caissière voit tout, souvent la caissière ne dit rien, mais plus tard, au détour d'un blog, la caissière racontera... Mais ce moment n'est pas encore arrivé...
Pour l'instant, parlons un peu de cette ville...

Au détour d'un soir de mars, ce sont une vingtaine de véhicules qui débarquent sur le terrain de rugby du parc nord. 27 000 habitants dans la municipalité, 256 415 Lettres sur le bureau du maire le lendemain de la crémaillère. Les riverains ne sont pas contents. Dans leur veines circule la crainte du cambriolage, la peur de l'étranger, la xénophobie du nomade... "Mais comment font-ils pour s'acheter les derniers BM, et les tous derniers Merco ?", "En tout cas ils ont souvent des liasses de billets...", "Et me dit pas qu'ils arrivent à faire ça en rafistolant des chaises???", "leurs roulottes doivent surement être remplies de matériel Hi-Fi et de Kalachnikov"...

Un village se crée, les transats se déploient, les barbecues s'improvisent, les fils se tendent, le linge s'étend, les manouches se détendent et les riverains se crispent! La cohabitation a lieu pour le meilleur et pour le pire, et le crash économique attendu tarde à se produire...

Deux semaines se sont écoulées, pas de problème notable ou d'incident à déplorer, mais cette présence non autorisée commence à bien suffire, et malgré les avertissements, les gitans sont toujours là. Matraques et calibres à la ceinture, ce sont donc les forces de police qui interviennent. Mais très vite, les fesses font bravo. La motivation avec laquelle ils ont l'habitude de contrôler Mohammed et Rachid semble avoir pris un congé très sympathique lorsqu'il s'est agit de titiller la quiétude du gang des réparateurs de chaises... L'uniforme est apeuré, les policiers tournent les talons. Puis ils reviennent peu de temps après accompagnés de la lance à incendie de leurs collègues sapeurs pompiers. A la manière des détenus du quartier de haute sécurité de la prison d'Alcatraz, 6 bars de pression sont propulsés dans la gueule des squatteurs, les femmes et les enfants d'abord, les hommes et les fusils à pompe par la suite... Tout le monde y passe.
Après avoir allègrement saupoudré d'affection chaque centimètre carré du squatt, le terrain des taquineurs du ballon ovale sur lequel nos amis se sont installés n'est plus qu'un gros tas de boue. Au mieux, il pourra servir de ring pour les prochaines rencontres intercommunales de catch féminin, organisées par l'amicale des ornithologues de la ville en association avec les "ni putes ni soumises".
Tout le monde le sait, chaque manouche, gangster s'il en est, cache un arsenal militaire conséquent dans sa caravane. Mais ce jour là, peu de résistance de leur part. Pas de bain se sang, juste un bain de flotte. Douche gratuite, éléphant bleu gratis, ils ont bu à l'œil... Aucune raison de s'énerver...

Le terrain étant devenu totalement inhabitable, en moins de temps qu'il n'en faut pour déplier une tente Quechua, le camp est levé, le convoi s'envole...
Un rocher sera greffé à l'entrée du parc pour que plus jamais ne se produise l'innommable, l'abominable, le scandaleux... l'incursion en territoire civilisé d'une troupe de guitaristes roulant en grosses cylindrées, heureux propriétaires d'une entreprise de réparation de chaises en paille...


Vous consommez, Nous encaissons.

CliEnt SuIvaNt !

Sourire

Un Lundi, 13h00. Dans le magasin c'est "ground zéro". Les clients ont déserté les rayons. Les estomacs affamés associés à la mort prématurée du pouvoir d'achat n'ont épargné personne. En caisse -10 articles, une caissière se ronge les ongles en attendant un hypothétique client qui, en arrivant à sa caisse, lui soutiendra qu'elle s'ennuyait, ou, au mieux, qu'elle se cachait (hmmm...). Il sera le 14ème en 2 heures (portant le compteur à 462 pour l'année), à balancer à la caissière "La" réplique qui finira de dérouler le rouleau du ras-le-bol. La pauvre femme cherchera alors un objet tranchant à sa portée pour se taillader les veines. En vain. Elle finira par sourire au client tandis qu'elle jettera un coup d'œil furtif sur son panier pour s'assurer qu'il en a moins de 10.

A quelques mètres de là, en caisses "normales", 2 autres caissières se font face. Idem. Pas de clients. L'une est au téléphone avec une des caissières principales à qui elle mendie le ramassage des paniers, cette activité qui consiste à ramener à l'entrée du magasin les paniers déposés en caisse par les clients. C'est fou comme on devient serviable et plein d'initiative quand il s'agit d'esquiver la caisse... Les paniers ont déjà été fait. Sa collègue d'en face, quant à elle, feuillète le télé-magasine de la semaine suivante. Elle y récupère les derniers ragots, se dit que ce soir elle regardera "les experts", puis lit son horoscope, sponsorisé par l'association des maîtres escrologues, qui lui prédit des rencontres à court terme... Elle a vraiment raison d'y croire. Un client arrive...
Il commence à vider son charriot sur le tapis, et, avec la grâce de l'animal apeuré, il glisse à la caissière un "bonjour" qu'elle n'entendra pas.
- "Non non c'est bon laissez-les dans le charriot! pas la peine de les sortir!"
"Vous avez 2 packs d'eau c'est ça?" --> 2, Quantité, 1019, Entrée. "Et 4 baguettes?"--> 4, Quantité, 2304, Entrée. "ça marche...".
L'eau et les baguettes sont comptabilisées, la caissière case ses fesses au fond de sa chaise. Les premiers "bips!" se font entendre.
Sa collègue d'en face, qui n'en a pas fini avec le téléphone, se la coule douce. D'ailleurs elle se la coule tellement douce qu'elle arrive, par un procédé fort habile dont nous ne dévoilerons pas les secrets, à faire croire aux clients qui passeraient par là, désireux de payer, que celle-ci est occupée à des tâches autrement plus importantes. Elle arrive ainsi à esquiver un deuxième charriot qui se positionne donc dans la file d'attente de sa collègue qui travaillait déjà...
L'ambiance est électrique, la tension est palpable. L'une des 2 caissières s'active à scanner de la batavia et du poulet rôti alors que l'autre est en plein kiff, à ne rien faire. Entre les deux caissières un regard est échangé, l'aigreur se pointe en force, celle qui travaille ressent au plus profond d'elle comme un indescriptible sentiment d'injustice. Puis un autre charriot s'ajoute à sa file. C'est la goutte de pipi qui fait déborder le sac à caca, elle en a marre, et glisse gentiment aux clients qui viennent de se placer que s'ils le souhaitent ils ont à leur disposition une caisse libre juste à côté où la caissière se fera un plaisir de lâcher son téléphone pour les accueillir, dans la joie, la bonne humeur...
Les 2 collègues se regardent. L'art du sourire hypocrite s'exécute. Sourire ami, sourire aigri, aussi authentique qu'une mamie danse la tecktonik, le sourire est tout de même bien là.

Des gamineries ? Ouais peut-être...

Vous consommez, Nous encaissons.

CliEnt SuIvaNt !

Mr Cigare et Mme TOC

14h50. Tout au bout de la ligne de caisses (loin.. loin...), à coté de l'endroit où l'on vous vend les bouteilles d'eau par pack de six, Les litres de jus d'orange par briques de deux, là où un dénommé coca-cola règne en maitre, pas loin du trou des fesses de l'hypermarché, endroit décrit par les intimes comme étant "le bout du bout du désespoir des caissières exilées", pas de caissière en vue et pourtant c'est là que dans une indifférence absolue, probablement semblable à celle dont souffrent actuellement les populations abandonnées des quatre coins du globe, le tapis de la caisse n°1, dans un ronronnement qui lui est propre(caractéristique du tapis sale), entame doucement sa deuxième heure de rotation non-stop. Tel un taxi qui tournerait toute la journée sans prendre un seul client, depuis de longues minutes, celui-ci s'active tant bien que mal à faire avancer du vent. Mistral, Tramontane, même combat... On a manifestement oublié de l'éteindre...
Deux heures et demi plus tôt, bouclant la journée de dur labeur d'une caissière au bord du gouffre, la dernière cliente à avoir posé sa marchandise sur la bande de caoutchouc rotative de cette caisse en orbite, n'avait pas eu la présence d'esprit de vérifier l'intégrité de chacun des œufs du paquet qu'elle avait choisi. Le tapis a morflé sévère. La cliente, quant à elle, s'en rendra compte en rentrant chez elle (l'œuf cassé terminera à la poubelle. ça aurait pourtant fait une belle omelette...).
2h30 se sont écoulées depuis l'incident. Anodin pour le commun des mortels, il fût dramatique pour notre très indispensable tapis de caisse qui continue à tourner dans le vide. Le blanc d'œuf a séché. Une tache, grosse comme l'état du texas, rappelle toutes les 30 secondes à la terre entière(1 minute pour que le tapis fasse un tour complet), que malgré la note hebdomadaire déposée en caisse centrale à la portée des yeux fatigués du personnel, la caissière est partie sans nettoyer son poste de travail. La looze.
La plupart des caissières préfèrent nettoyer leur caisse à leur arrivée afin de perdre un maximum de temps et ainsi retarder l'échéance du début de l'engrenage infernal des rafales de SBAM (Sourire, Bonjour, Au revoir, Merci). CQFD.

A 80 mètres de là, à une autre caisse, sous le regard attentionné d'un mari tenant au bout des lèvres un demi cigare éteint, dont on devine qu'il tient en place par un savant mélange de bave séchée et de poudre de racines de manioc, Madame TOC sort la marchandise du charriot, et organise ses articles sur le tapis avec la minutie d'un horloger suisse, la précision d'un chirurgien du cerveau, et la psychose schizophrènique d'un Hannibal Lecter à qui on viendrait d'arracher un à un tous les poils du nez pendant qu'il était forcé d'écouter l'album de Vita... Flippant!
L'heure est grave, le geste est précis. Si Madame TOC était dans le Hip-Hop elle serait certainement en train de bouger sur un son de DJ Abdel, la tête en bas, effectuant une coupole à 1080° en traçant un cercle parfait à l'aide de l'index de sa main droite. La classe !! Mais Madame TOC ne sait pas danser. Au lieu de ça, sur le tapis de caisse, ses 2 rouleaux de pâte feuilletée sont parfaitement parallèles et redoutablement perpendiculaires au paquet de céréales collé juste derrière, lui-même en phase avec le riz et les pâtes, qui forment un triangle isocèle avec le ketchup et la mayonnaise. Bizarre ???
Sous le regard impassible d'un Monsieur Cigare au summum de l'inexpressivité, Madame TOC est en train de sombrer.
Madame TOC déteste le désordre incontrôlable qui règne dans un filet de babybel, ça lui donne l'impression de perdre le contrôle. Elle n'en achète pas. En revanche, elle sait que la largeur du tapis de caisse permet de faire tenir côte-à-côte 4 camemberts Président, laissant de part et d'autre 2 cm de tapis, intervalles dans lesquels elle peut placer 2 paquets de bicarbonate de soude de marque "premier prix", pour finalement ne laisser qu'un demi-millimètre d'espace inoccupé. Pas mieux. Pour l'instant.
Le délire ne prend fin que lorsque Madame TOC peut constater, prorata temporis, que les produits disposés sur le tapis forment une figure géométrique parfaitement symétrique, en accord avec l'alignement des satellites de vénus et de jupiter, et en harmonie avec le nombre de lettres formant la déclaration du protocole de Kyoto sur les gaz à effet de serre.

Madame TOC et Monsieur Cigare viennent faire leur courses tous les samedis, et chaque samedi, sans que personne ne s'en apercoive, dans l'intimité de ce couple de quinquagénaire et sous la fascination d'une hôtesse de caisse médusée au delà du réel, la magie opère... Et David Copperfield est un sacré charlatan...


Bref, les années passent, les regrets restent, les gens du voyage voyagent, Monsieur Cigare est toujours fidèle à son cigare, et Madame TOC à son magasin... Car les tapis de caisse n'ont pas toujours la même taille.

Vous consommez, Nous encaissons.

CLiEnt SUivAnT !

Carambar de rire (ouh, facile...)

Ahhh les Carambars !!! à l'ancienne !!!

Un bon délire pour les dentistes (jackpot mon pote!), mais la méga loose pour tous les autres!!! Mais ouais vous savez, quand on déballait le machin et que pendant qu'on mâchouillait une espèce de caramel dont on gardait toujours la moitié sur les dents 1 heure après l'avoir terminé, on kiffait la blague carambar(l'humour avec un grand H) mais 1 fois sur 2 on avait les nerfs un truc de fou quand on se rendait compte que sur le papier au lieu d'avoir 2 blagues complètes, on avait 1 demi blague (seulement la chute), puis 1 blague entière (bizarrement écrite par un gamin de 4 ans!?!?) et, pour finir, 1 blague sans la chute... Le drame!
Toujours signées par des enfants avec des prénoms au summum de la banalité (Jean, Pierre, Jean-Pierre) et des âges plus qu'improbables (1 an, 2 ans, 6 mois), on finissait, après un long et douloureux processus d'abnégation de sa propre personne, par essayer de deviner le début de la blague du haut et la chute de celle du bas... super relou...


Vendredi, 21h03. Plus qu'une heure de caisse.
1 quart de tour à gauche, 1 quart de tour à droite. Pas grand chose à faire, à part me dorloter sur ma chaise et apprécier la musique de la galerie, où tourne en boucle une espèce de compil Dance que tout le monde sur la ligne de caisse connait par cœur, à force de l'entendre. Ça fait bien 6 mois qu'ils ont pas changé ce putain de CD(désolé!). En temps normal, pendant les rushs, la délicieuse mélodie, sous-titrée "suicide collectif", est complètement couverte par la superposition des "bip!", les roues qui grincent, les enfants qui pleurent, les animateurs qui se la jouent Philippe Risoli, les gens qui ralent, ceux qui savent pas siffler mais qui sifflent quand même, et ceux qui disent qu'on paye trop d'impôts... Mais passé 19h, l'air devient respirable, la nature reprend ses droits, la caissière glande enfin (donnant ainsi raison à au moins 2 ou 3 légendes urbaines), et c'est parti pour la séance de karaoké en semi-playback, façon oreilles qui saignent, et shakespear qui se retourne...

J'étais tranquille, à attendre le client, en sifflotant un "freed from desire" dans un anglais qui déchire, les autres caissières se tournaient tellement les pouces qu'elles généraient un vaste courant d'air dans la galerie du magasin, et là, sans prévenir, mon job me rattrape. Deux jeunes clientes viennent de faire le bon choix.
Pour accompagner leur sachet de carambars, une boite de préservatifs!(ou l'inverse).
Miss1 et Miss2 avaient surement la quinzaine, mais, grâce à la puissance d'un style vestimentaire à la Lorie associé à la magie d'un maquillage à 5 euros, elles en paraissaient bien 16!!! En fait c'était le genre de fille qui pense avoir la classe même quand elle pête!!! Le genre de fille qui ignorait que 2 ans plus tard elle bougerait sur du Mondotek!!! Le genre de fille qui kiffe les mecs avec des gros pecs!!!
Ce jour là, en passant à ma caisse, elles ont justement trouvé ce qu'il leur fallait... Une boîte de 12!!!
Pourtant, c'était pas la première fois qu'un client venait acheter des préservatifs, mais faut croire que là, le coup du je prend un truc à coté histoire de dire que je n'achète pas "que" ça, c'était la fois de trop. Et malgré un effort surhumain pour garder mes lèvres en position normale, vla que le coin droit de ma bouche se la joue solo, à la M. Pokora, et trahit un sourire vicieux...
Aussi surement que quand on se couche avec les fesses qui grattent, on se réveille avec les doigts qui puent, ces deux filles là avaient une incroyable répartie... bien kiffante. Du coup, après avoir réfléchit pendant 3 bonnes secondes, elles m'ont lâché un truc du genre: "C'est pas pour nous".
Et moi, en gros looser de la vie, "Has been" en devenir, je me suis souvenu de cette réplique des bronzés font du ski: "y'a pas d'mal...".
Extraordinaire, n'est ce pas ?

Bref, elles ont kiffé la vibe,
et oublié leur monnaie...


Comme d'hab, mais cette fois-ci en maîtrisant l'art du camouflage,
Vous consommez, Nous encaissons.

CLiEnt SUivAnT !

PS: Quant à la légende qui consiste à dire qu'il existe des boîtes de préservatifs qui ne passent pas en caisse, c'est faux, faux, archi-faux. Les chefs de rayons réservent 2 heures tous les matins pour scanner une à une toutes les boîtes et s'assurer que ça roule!!!(ils le font, n'est-ce pas?) Comme ça on évite les scènes psychodramatiques et autres humiliations, ces situations où la gêne est tellement puissante qu'on préfèrerait s'être fait pipi dessus... Pourquoi traumatiser les clients et ainsi risquer d'en faire des pervers sexuels ou des tueurs en série, alors que dans ce domaine Harry Potter s'en sort très bien???

Ongles ré-incarnés...


Ça vous dirait de rêver un peu ?
Alors juste une question: Est-ce que vous mangez vos ongles ? Parceque moi oui... (bouh c'est dégeulasse!!!)
Bon en fait je les mange pas vraiment, parce que c'est pas cool, alors je me contente de les torturer entre mes incisives puis je les crache par terre, ou je les laisse trainer sur mes gros doigts juste avant de serrer la main à un pote... Glamour....
Allez, faites pas cette tête là, je suis sûr et quasiment certain que tout le monde le fait, que tout le monde emmène régulièrement ses doigts chez le coiffeur, parce que sur un malentendu on est tous plus ou moins soumis au stress finalement. On a surement tous ce besoin inconscient de faire payer à nos ongles ce qui nous plait qu'à moitié dans nos vies tumultueuses. Un patron trop exigeant ou trop "casse-couille", des fins de mois difficiles, des périodes un peu à l'ouest où factures et problèmes s'empilent dans un déluge de mauvaises nouvelles, la consécration de Lory aux victoires de la musique ou l'instauration d'une nouvelle danse par les jeunes pour les jeunes avec des pas improbables qui ne sont pas sans rappeler les gestes primaires de la toilette quotidienne... Bref, tout est bon pour nous faire craquer...
Alors il y a les maladroits, qui ont eu beau pratiquer l'onychophagie (on est ingénieur, oui ou non ?) pendant de longues années, à qui un stress exacerbé, arrivé en force sur un dérapage frein à main, fait commettre l'erreur du débutant. On s'acharne sur un ongle, on se précipite un peu trop, on se dit qu'on tient un bon morceau, et là, il se coince entre les dents, et c'est le drame... Déloger des restes de viandes est une chose, extirper un ongle en détresse en est une autre. On a beau avoir l'habitude, chaque blocage est différent du précédent. La difficulté peut dépendre de plusieurs facteurs: Longueur de l'ongle, degré de saleté (si vous venez de manger une tartine de miel dégoulinant, vous retirerez l'ongle plus facilement), ou densité et résistance, qui dépendent eux-même de la bonne santé du rongeur...
Au final, lorsque même le cure-dent 100% titane a jeté l'éponge et qu'en vain la brosse à dents a perdu tous ses cheveux, la solution qu'on adopte, la plupart du temps, est encore de mettre à contribution un nouvel ongle, quand il en reste un, suffisamment long, pour pénétrer à nouveau dans l'interstice dentaire. En général, ça fonctionne...

J'vous avais dit que j'vous ferais rêver...

Est-ce que la caissière ronge ses ongles ? Par Jupiter, dieu des ongles !!! vous n'y pensez pas !! C'est crado !! Elle qui toute la journée fait défiler entre ses mains les produits des clients, comment pourrait-elle se le permettre ? Allez, allez, j'déconne... Bien sûr qu'elle le fait. Pourquoi, avec le stress qui la ronge, n'irait elle pas ronger à son tour ? Elle qui répète 258 426 fois par jour que sa caisse est fermée, 143 587 fois qu'elle est bien ouverte, du haut de ses 356 200 "Bonjour", 241 800 "Au revoir"(ça se passe pas toujours bien), et 114 400 "f*ck!" (le compte est bon), n'est-elle pas soumise, si ce n'est au stress hiérarchique, au moins à celui de la répétition à grande échelle? N'a-t-elle pas elle aussi besoin de s'évader par la fraicheur que procure le bonheur de s'arracher ces matières superflues du bout des doigts?
"Et le vernis à ongles dans tout ça ???", me direz vous. Eh bien ça fera surement l'objet d'un futur débat, qui portera notamment sur le temps libre des caissières, ces moments intemporels où elles ont l'immense privilège de n'avoir personne à leur caisse... Ô joie, Ô désespoir...

Bref, avec les doigts dégeux et une bonne dose de rêve,
Vous consommez, Nous encaissons.

CLienT SUivAnT !

Voyage, voyage...


Peu ou pas de place pour s'assoir, j'étais debout dans ce bus ralliant le centre ville à la zone d'activité. Imitant le reste des passagers, j'avais la tête des mauvais jours. Alors qu'à bout de bras je tenais fermement cette barre verticale qui m'empêchait de m'étaler à chaque virage, et tandis que sous mes narines dansaient les fragrances naturelles de quelques individus qu'une bonne journée de travail avait rendu malodorants, je remarquai une petite fille qui regardait avec émerveillement défiler le paysage. Parmi le flot de questions qu'elle soumettait à une bienveillance maternelle, en vint une particulière, qui allait manifestement forcer la mère à mentir à sa fille:
- Maman, c'est quoi ça ? c'est des gens en vacances qui font du camping ?
- euh.... Oui ma chérie... c'est ça....

Etait-il trop tôt pour que cette petite fille apprenne que vit parmi nous une population de nomades qui se déplace en caravanes? N'était-il pas l'heure pour elle de connaître l'existence de ces personnes dont la réputation n'est pas des plus reluisantes?

En tout cas, une chose est sûr, si un jour elle devient caissière, elle en apprendra un rayon sur les gens du voyage...


Samedi matin. Il est 10h00. Le magasin est déjà blindé, et après moins d'une heure de caisse, on me donne déjà ma pause. Du monde qui rentre mais personne qui sort, le rush est pour plus tard, le moment est idéal pour distribuer aux caissières les minutes de repos qu'elles n'ont pas encore eu le temps de mériter. J'ai 3 heures à faire ce matin là. Ce qui aurait été cool, c'est la pause au bout d'une heure et demi. Mais tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se pourfend, faut pas déconner, on discute pas les ordres tant qu'on a pas 4 ans d'ancienneté! Quand on en a que 3 et demi on ferme encore sa bouche et on va prendre ses 9 minutes de pause avec le sourire (à base de 3 minutes par heure, faites le calcul). La salle de pause est à 3 minutes à pieds, l'aller retour prend donc 6 minutes... pas rentable... Alors bon tout ce qui reste à faire c'est de rejoindre la sortie du centre située à 30 secondes et d'allumer une cigarette... pas pratique... car non fumeur... (des fois on songe à s'y mettre).
Alors on erre, sans but... en attendant que "le temps" passe...
Ce jour là, j'ai erré jusqu'à l'entrée du magasin. Vous savez, là où le monsieur vous interpelle et vous demande de venir faire agrafer vos sacs.
J'ai à peine eu le temps d'entamer une conversation sur l'équipe camerounaise avec celui qu'on appellera Roger, qu'il baissa rapidement la tête. Avec la discrétion d'un éléphant dans un couloir de porcelaine, il agrippa le micro qui était accroché sur le col de sa veste de costume noire et prononça quelques mots avec un accent bien du sud (traversez donc la méditerranée) :
- Y'a les voleuses qui viennent de rentrer dans le magasin...

Les sabots sont de rigueur pour ces 3 jeunes filles qui viennent de franchir les portiques de l'entrée. Visiblement, elles sont connues des services de sécurité. Roger me le confirme. "Des virtuoses de la prestidigitation de code barre". S'il était allé au bout de ses études, ou qu'il avait eu 3 grammes d'alcool dans le sang, c'est certainement en ces termes que Roger m'aurait décrit ces reines du chapardage, qui s'enfonçaient peu à peu dans la masse des clients, tandis que les caméras commençaient leur lente rotation...
Roger se sent bien. Il a fait son travail. Le reste de l'opération de surveillance se passera à l'abri des regards, sur quelques obscures moniteurs...
La conversation se poursuit, le Cameroun a quand même une bonne équipe...

à suivre...

Vous consommez, Nous encaissons ...

CLiEnt SUivAnT !

Anecdote inutile n°1: Je n'ai qu'une philosophie...


Un jour, parmi tant d'autres, se pointent à ma caisse -10 une femme et son petit garçon. Jusque là rien d'anormal, si ce n'est que l'enfant semblait relativement éveillé pour son âge. Il avait l'air d'avoir 6 à 8 ans bien tassés et déjà fusait dans son esprit un soucis de la cohérence et des choses bien faites. Dans les bras de sa maman, une baguette de pain à 35 centimes d'euros dans son emballage plastique breveté, et quelques articles inattendus trouvés ça et là sur le trajet menant au rayon boulangerie (Boule-Pâte pour les intimes). S'approche alors de nos deux amis un monsieur d'une cinquantaine d'années, probablement un ami de la famille, qui entame alors avec la mère une conversation à tendance pseudo-politique. Il a l'air de s'y connaitre, il maîtrise. Il se lance alors dans de grandes envolées lyriques faites de grandes phrases du genre "De toute façon que ce soit Chirac ou un autre..." ou encore "C'est toujours mieux que de se casser un bras...". Jusque là, pas de problème, il ne fait que s'aventurer là où la moyenne des "philosophes de PMU" puisent leur inspiration. Puis, dans un élan de génie lui vient LA phrase! Celle par qui le drame est arrivé! Celle par qui le drame subsiste probablement encore... "De toute façon, comme dirait l'autre, Raffarin tête de chien, Chirac tête de...... euh.... tête de lard...". D'un air désespéré, le gamin, qui a suivi cette conversation 5 étoiles avec la plus grande attention, se met à tirer sur la veste de sa mère, tentant d'attirer son regard. Une fois que celle-ci a baissé la tête, il lui fait part de la supercherie... En effet, il n'a pas échappé à l'enfant que le monsieur, qui a tenté une approche par le nord afin de pénétrer dans le monde très fermé de la satire politique musicale, a complètement raté son coup en cherchant une rime qu'il ne trouva jamais... "Maman, Maman, ça rime pas !!!", lança donc le petit. Triste réalité pour notre philosophe, qui feint ne pas avoir entendu la judicieuse intervention du gamin. Après un moment de gêne, le quinquagénaire poursuit sa conversation... Il ne sera plus jamais le même homme...


Vous consommez, Nous encaissons.

CLienT SUivAnT !

C'est votre dernier mot ?


Vous avez déjà croisé Jean-pierre Foucault dans la rue ou ailleurs? Non? Et si vous le croisiez, à part l'insulter, qu'est ce que vous lui diriez? "Espèce de gros batard!!!"? mais à part ça, qu'est ce que vous lui diriez? "Enc*lé!!"? "Fils de chien!!!"? Mais à part ça? Vous lui demanderiez si "c'est son dernier mot"(ah! quand même!)? A votre avis, combien de fois lui a ton déjà posé cette question? Allez, soyez pas timides, donnez un chiffre entre 1 et 100 milliards. Et si on lui avait donné 1 roupie à chaque fois? Ne serait il pas multi-milliardaire en euros plutôt que simple millionnaire à l'heure qu'il est? Quelle sensation lui procure chaque nouvelle fois que reviens à ses oreilles cette phrases devenue très lourde pour lui, culte pour les autres ? Pourquoi montre-t-il un sourire niais qui dénote l'envie d'homicide à chaque fois qu'un fan hystérique crois être le premier à dire à son idole "c'est mon dernier mot Jean-Pierre"?
Parce que ça saoule à mort !!!

A quelques euros près, pour les caissières, le drame est le même !
La caissière est star du showbiz et le client est anonyme. Schéma identique. Toutes les conditions sont réunies pour faire exploser les compteurs du monotone!

Parce qu'il faut le faire, et que vous le valez bien, voici un classement des plus belles répliques client. Ces phrases qui font chaque jour le bonheur de milliers de caissières et de caissiers à travers le monde(classées par fréquence d'apparition. Peut changer suivant le magasin):

Du client à la caissière
1- Vous êtes ouvert(e)? / Je peux venir à votre caisse? (c'est étrange une caisse où il n'y a personne)

2- Vous vous ennuyez / vous êtes au chômage / vous voulez pas travailler / personne ne veut venir à votre caisse / Vous m'attendiez ? J'vais vous faire travailler !

3- J'ai pas la carte. Est-ce que je peux venir quand même / Payer en carte bleue? (à une caisse "carte Passe-passe". oui, des fois on accepte. Néanmoins, une caissière dans un mauvais jour vous dira "f..k !")

4- J'ai 12 articles, est ce que je peux venir quand même (à une caisse "-10 articles")

5- C'est fou le monde qu'il y a aujourd'hui! (quand on joue il faut s'attendre à perdre)

6- Ah bon c'est à peser ça? / J'ai oublié de peser mes légumes. Je peux y'aller ?/ je ne les prend pas. (eh oui! aussi invraisemblable que cela puisse paraitre, les clémentines en vrac sont à peser!)

7- Je suis pas prioritaire/j'ai pas de carte prioritaire, est ce que je peux venir quand même ? (à une caisse prioritaire)

Ô bonheur !!!
Les réponses à ces différentes questions ou affirmations peuvent changer d'une caissière à l'autre. Souvent on peut se contenter de serrer les fesses et de répondre imperturbablement "OUI" à tout, mais c'est pas drôle. C'est pourquoi je vous donnerai ici les réponses les plus incisives, les plus méchantes, qui, soyons francs, sont loin d'être minoritaires. Et puis ça fait toujours plaisir.

De la caissière au client
1- Si j'suis là, c'est que je suis ouvert(e)! / à votre avis? / Moi non, mais ma caisse oui !
2- Non, je m'amusais bien jusqu'à ce que vous arriviez ! / non je suis pas au chômage mais c'est bien connu je suis payé(e) à rien faire! / qu'est-ce qui vous fait croire que je m'ennuie ?
3- NON ! désolé(e)... / Vous voyez ce qui est marqué sur le panneau ? /
4- C'est une caisse -10 articles ! 12 c'est pas 10 !
5- Si vous vous n'étiez pas venu faire vos courses, vous seriez déjà moins nombreux !
6- ...
7- Cassez-vous une jambe et revenez !

Bien sur, toutes ces répliques sont prononcées avec le sourire sur le ton de la rigolade, parfois avec un maximum de mauvaise foi, mais toujours avec un brin d'agacement de part et d'autre du scanner...

Hors classement, on trouve ces nombreuses blagues que les clients sont persuadés d'être les premiers à prononcer, alors que cromagnon l'avait surement déjà fait en son temps:
- Aujourd'hui on paye pas, c'est ça? Aujourd'hui c'est gratuit?
- Je ne peux pas payer avec ça? (disent-ils en brandissant leur carte vitale, parfois leur carte de fidélité ou une carte d'un autre magasin...)
- ...

On pourrait aussi parler de ces phrases légitimes que le client prononce en toute bonne foi, mais qui suscite la même indifférence chez nos amis de la caisse:
- Pourquoi vous faites vérifier mes billets ? je viens de les retirer du distributeur!!! S'ils sont faux c'est de la faute à ma banque!!!
- Pourquoi il vous faut une pièce d'identité? j'ai de l'argent sur mon compte!!!
- ...

Bref... les délires tournant autour de toutes ces petites phrases ne manquent pas. Et on pourrait aussi évoquer tous les échanges caissières/clients que provoquent: les cartes bleues qui ne passent pas (muettes, refusées...), les chèques "rouges"(sans aucun rapport avec l'ex-bloc soviétique), ou encore les portiques de sécurité qui s'excitent...
Mais demain est un autre jour... Et pour garder la forme, rien de tel qu'on bon footing...


La répétition tue, mais comme d'habitude,
Vous consommez, Nous encaissons.

CliEnt SuIvaNt !

Caisse "moins de 10 articles" ? Et si j'en ai douze ?

Vous êtes pressé, vous avez absolument besoin d'acheter ces quelques produits qu'il vous manque et dont vous n'avez absolument pas besoin, les potes réclament le pack de bière, une soirée galère se profilant vous sentez le besoin d'acheter un DVD, et les grosses courses de la semaine peuvent attendre ? Vous prenez un panier à l'entrée du magasin (quand vous en trouvez un), vous parcourez les allées de votre hypermarché et, comme si c'était possible, vous n'allez acheter que le stricte nécessaire, ce pourquoi vous avez sauté dans votre voiture avec précipitation.
Vous vous empressez de piocher vos différents produits dans ces rayons carrelés que vous connaissez désormais par cœur, puis vous vous dirigez vers l'endroit du magasin où l'on a l'habitude d'agresser vos capacités financières...
Quelles que soient vos raisons, vous avez ou croyez avoir entre les mains ou dans votre panier 9 ou peut être 10 articles, et vous savez que votre magasin, qui vous aime, a spécialement aménagé pour vous des caisses spéciales, réservées aux petits acheteurs ! Quel bonheur !
Bienvenue en caisse "moins de 10 articles" !!

Dans le jargon, on les appelle aussi "moins (de) 10", "Caisse moins (de) 10", ou encore "caisse rapide". Bref, peu importe le nom qu'on leur donne, elles sont là pour vous faciliter la vie lorsque vous visitez votre magasin favoris pour acheter peu tout en payant quand même beaucoup. (Ô magie des hypermarchés, quand tu nous enchantes de ton implacable logique!) Ces caisses sont bien pratiques puisqu'elles vous permettent de sucrer votre porte-monnaie ou d'irriter votre carte bleue en un temps record (les chèques ça prend du temps ! à éviter d'urgence !!!) Mais pour inscrire votre passage dans le Guiness book, encore faut-il qu'il n'y ai pas 45 clients devant vous! Autant de personnes qui, comme vous, vont passer leur temps à penchez leur tête sur le coté tout en se demandant pourquoi c'est si long? Autant de personnes qui, peut être comme vous, vont payer en carte bleue et se créer des soucis en se demandant s'il y a un montant minimum pour ce type de paiement. Autant de personnes qui, comme vous, vont à moment ou à un autre se dire qu'un des client qui le précède à visiblement plus de 10 articles, c'est scandaleux!!! Autant de clients qui, comme vous, vont probablement passer à une caisse "moins de 10 articles" avec PLUS de 10 articles !!! Donnant ainsi lieu à un déluge de dramaturgie des plus rafraichissants...

Mise en situation
Caissière manifestement en pleine crise hémorroïdaire / Client visiblement dans son droit le plus abjecte:

La caissière (en mal d'amour):
- Monsieur, vous avez plus de 10 articles...

Le client (extatique):
- Mes 5 paquets de riz ne comptent que pour un seul article!!! et avec les autres, ça fait 10!

La caissière (qui n'a rien compris):
- Ah non monsieur, c'est une caisse "moins de 10 articles"!!!

Le client (il a la rage mais comment rester sage?)
- D'habitude la caissière me les compte comme un seul article quand j'ai plusieurs fois le même!!!

La caissière (saturday night fever!)
- bah vous avez qu'à passer à sa caisse!!! mais moi je peux pas vous accepter sinon j'accepte tout le monde...

Le client tourne les talons. S'il a du temps et de la chance, il aura confirmation de sa première intuition à l'accueil du magasin. Il est pressé, mais reviendra tout de même voir la caissière pour lui cracher à la figure une vérité qu'elle va s'empresser d'oublier dans la seconde... les habitudes ont la vie dure...

Autre scénario
Caissière en accord avec son karma / Client altesse sérénissime

La caissière (bientôt la pause)
- Monsieur, vous en avez bien plus que 10.

Le client (il en a 22)
- Allé ça va j'en ai 12!!!

La caissière (elle n'a pas son diplôme en physique nucléaire mais elle en compte bien plus)
- euh .... je ne crois pas monsieur ...

Le client (Insolence, par Christian Dior)
- Allé madame c'est pas grave!! ça tient dans les paniers, c'est que c'est bon !!! Ou bien dites moi plutôt que vous avez pas envie de travailler!!!

La caissière (Diplômée ès patience)
- C'est pas correct pour ceux qui attendent derrière vous et qui ont moins de 10 articles!

La caissière finit par accepter le client qui va, en récompense de sa bravoure, la noyer sous une pluie de petite monnaie qu'il mettra 5 minutes à sortir, et elle, 10 minutes à compter...

Alors bien sur, à cette caisse (comme d'ailleurs à toute les caisses du magasin), tous les coups sont permis !!! Freestyle oblige, vous avez peut être déjà croisé une caissière d'hyper qui vous as juré qu'elle n'était pas en mesure d'accepter votre carte bleue pour un montant inférieur à 1 euro (vous rigolez ou quoi ?)... ou encore une autre qui, dans un manifeste moment d'égarement probablement dû à un accroissement de l'apesanteur, a accepté à sa caisse rapide un charriot plein à craquer, provoquant l'indignation d'une ribambelle d'individus lambdas qui passaient par là... ou encore avez vous peut-être été victime d'une hôtesse de caisse au zèle d'acier inoxydable qui vous a renvoyé chez votre mère pour 1 article en trop... Que du bonheur en somme !

En bonus, pour finir, sachez que "caisse rapide" rime souvent avec "flot continu de clients avides" ! Une journée passée à cette caisse magique, et ce sont pas moins d'une centaine de clients(200? 300?) que voit défiler l'hôtesse, les yeux remplis d'un vide que le banal et la répétition rendent plus profond que la faille de San Andreas... Multiplication des "Bonjour", inondation de "s'il vous plait", déluge d'"au revoir"... A mesure que défilent les visages, en bout de caisse s'entassent les paniers, formant bientôt une pile suffisamment haute pour cacher aux yeux de la caissière une file d'attente qui semble dépasser l'horizon du rayon surgelé...
Finalement, pour casser une routine à l'épreuve des balles, peut-être bien que tous les incidents sont les bienvenus...
A ce propos, êtes vous bien sûr d'en avoir moins de 10 ?

Vous consommez, Nous encaissons.

CLienT SUivAnT !

Vous me racontez des salades ?


Au moins 5 fruits et légumes par jour pour ne pas rejoindre les mauvais élèves de la "diet-éthiques"! Mais oui ! Vous savez le fameux "Pour votre santé et celle de la sécu, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé, trop riche, trop périmé, trop de cigarettes, trop de McDo, trop d'amiante, trop de shit...". Par contre, pensez à vous bourrer l'estomac de végétation. Mangez de la verdure comme si votre vie en dépendait, et votre vie en dépend ! Absorbez des légumes, et buvez 4 litres d'eau par jour! N'arrêtez vos efforts que lorsqu'en allant aux toilettes vous aurez l'impression d'uriner les chutes du niagara, et de chier le gazon du stade de france (Quel langage! C'est un scandale!).
Tel est le message à la mode qui trouve de plus en plus facilement le chemin de nos yeux et de nos oreilles. Suivons ces conseils à la lettre ! Sinon nous courons le risque de nous transformer en méchants obèses... houuuuu ! Alors en bonnes victimes que nous sommes, sensibilisés aux bienfaits des fruits et légumes par une grand-mère au fort potentiel d'indignation, ou bombardés au fil des pages de pub, de manière quasi-subliminale, par ce message (mangerbouger.fr) venu frapper notre rétine plus que de raison, s'inscrivant ainsi dans nos gènes, Une seule directive prévaut: Mangeons de la salade !!!
Bonne nouvelle ! La caissière de votre hypermarché vend justement la précieuse marchandise ! Quel bonheur !! Comme le monde est bien fait ! La vie ça déchire, vous trouvez pas ?
Bon, à dire vrai, c'est pas vraiment votre caissière qui vous la vend mais étant donné que beaucoup d'entre vous, clients s'il en est, diplômés ès Amalgame, semblent oublier que la caissière n'est en rien responsable de la hausse des prix, du retrait des sacs plastiques, d'un dysfonctionnement de votre carte bleue, de la désertion des rayons d'un de vos produits fétiches ou de la catastrophe de Tchernobyl, poussons le vice en lui imputant également la cueillette et la vente des salades...

Mais au fait, comment est-ce que vous choisissez la votre de salade ? Vous connaissez leurs noms ? Oui ? Non ? Vous pensez que Batavia est la capitale d'un pays de l'Est ? Vous jureriez que Scarole est un prénom féminin ? Vous êtes persuadés que les seules feuilles de chênes que l'on connaisse sont celles qui tombent en automne, et que la frisée devrait utiliser un fer à cheveux parce qu'elle le vaut bien ? Eh bien votre caissière est comme vous ! Ou plutôt, elle l'est au départ. Voguant dans l'ignorance durant ses premiers "bips", facturant toutes les salades au prix de la batavia (oups...), elle acquiert peu à peu le savoir et accède ensuite au statut d'experte botaniste ! La classe !

Bref. Revenons à votre salade. Vous tendez votre bras et, avec plus ou moins de conviction, vous piochez dans les cageots. Après une sélection hautement discriminatoire basée sur des critères qui doivent faire partie de ces choses qu'on se transmet de génération en génération, vous La tenez enfin ... Votre salade !
Sachet ? Pas sachet ?
2 mondes, 1 seule réalité:
  • Vous êtes soigneux et comme d'habitude vous avez galéré pour placer votre laitue dans un sachet plastique que vous avez mis 5 bonnes minutes à ouvrir. Vous avez tout tenté avec ce sachet. Vous avez d'abord cherché à trouvé le haut et le bas, puis par une approche approximative des lois de la physique, vous vous êtes léché les doigts en vous disant que si ça a marché pour un Oui-Oui (personne ne devrait avoir honte de ses lectures) alors ça doit surement marcher avec un sachet plastique... Non-Non... Vous l'avez frotté énergiquement entre vos deux mains comme essayant d'allumer un feu... ça ne prend pas... Vous avez vidé vos poumons à plusieurs reprises en soufflant d'une haleine douteuse sur ce qui semble être le point d'ouverture du sachet... mais en vain... Entre temps, vos doigts ont séché et vous faites une nouvelle tentative en pinçant le sachet entre le pouce et l'index... et là... Victoire !!!!!
    Reste à placer la salade dans le sachet (no comment).
  • Vous détestez vous ridiculiser dans les allées du rayon fruits et légumes en malmenant un sachet que vous tentez désespérément d'ouvrir, et, pour vous rassurer, vous vous dites que de toute manière vous allez faire prendre un bain à votre salade avant de la manger... Inutile de se prendre la tête... Pas de sachet... oui... mais non... Dans l'indifférence la plus totale, la salade, que vous venez de placer, nue, dans votre charriot, dégouline de tous ses orifices, et ce sont quelques fâcheux centilitres d'eau que vous allez déverser en toute impunité sur le tapis de la caissière au moment de votre passage en caisse (si on considère que le regard assassin qu'elle va vous lancer ne constitue pas une punition...). Sans parler du moment ou elle va devoir se saisir du produit. Durant l'opération, elle en fera certainement des tonnes pour vous montrer le plus explicitement du monde à quel point elle est agacée... Afin d'essuyer les dégâts, elle bloquera la caisse pendant 3 minutes alors que 20 secondes auraient suffit... Vous l'aurez surement mérité !
Vous passez donc en caisse. A un moment ou à une autre, sachet ou pas sachet, aigreur ou non, viendra inévitablement l'heure de l'identification ! Différents prix pour différentes salades qui, comme vous l'avez remarqué, ne portent pas de code barre, et c'est par une alchimie particulière dont nous tairons les détails qu'on se retrouve avec une salade facturée au prix indiqué. N'oubliez pas que la caissière est experte dans ce domaine ! Enfin presque... Parfois, la photocopie, placée à chaque caisse du magasin, de la liste avec photo de chaque salade, aide la caissière à faire illusion. Parfois, pas de connaissance, pas de photocopie. Il ne reste alors plus qu'a interroger le client par une question qui semblera lui demander s'il sait ce qu'il achète... "Excusez moi, vous savez ce que c'est comme salade?", Parfois le client n'en sait rien, le client ... ne sait pas ce qu'il achète, même si le prix peut varier du simple au double, qu'importe, une salade est une salade, et puis on dit bien que la santé rend aveugle le porte-monnaie... (qui a dit ça déjà ?)

D'ailleurs, après toutes ces aventures, au détour d'un repas, le client mangera sa salade... et il se sentira déjà mieux...


Vous consommez, Nous encaissons.

CLienT SUivAnT !


Pour les curieux:

"Best practice" d'ouverture d'un sachet à salade (également valable pour tous les sachets des rayon fruits et légumes):
Restez zen. Inutile d'humidifier vos doigts. Bien au contraire, évitez la moiteur. Frottez vos doigts sur vos vêtements si nécessaire. Tenez le point d'ouverture du sachet entre le pouce et l'index et exercez une pression suffisamment forte entre vos deux doigts tout en les faisant glisser l'un sur l'autre. Si vous faites ça, vous obtiendrez une fulgurante ouverture de sachet que je vous promet à nulle autre pareille. Si ça saigne, c'est que vous vous êtes trompé quelque part...

Dans l'improbable éventualité où vous voudriez en savoir plus sur les salades (comme si ça pouvait nous apporter quelque chose), Google s'en chargera avec plaisir et délectation...