Pourquoi ? mais pourquoi un blog ?

Carrefour est pour, Auchan méchant, Leclerc persévère... Tantôt jolies, tantôt aigries, les caissières de votre hypermarché favori vous inspirent de la pitié, du mépris, de l'indifférence? Vous vous demandez si les "bip!" de la journée résonnent dans leur tête la nuit? Vous vous en foutez? Vous voulez en savoir plus? Sont-elles payées à ne rien faire? Que font-elles lorsqu'elles ne font rien? et Pourquoi une des roues du charriot dit "f*ck!" aux trois autres?
Que vous a-t-on caché sur ce que vous savez déjà? Sur vos habitudes? Etes-vous un vrai client?
Vous pensez tout connaitre sur l'univers extraordinaire du scanner aux multiples rayons lasers? Vous faites très bien la différence entre une batavia et une scarole? Alors faites chauffer la carte bleue, feuilletez votre chéquier pour vous assurez qu'il vous en reste quelques-uns, détachez votre caddie de celui qui le précède, et préparez vous à déchanter comme jamais vous n'avez chanté! Avec vos yeux, vos oreilles et le bout de vos doigts ! Passez donc du côté obscure de la caisse, où rêve et réalité vivent en harmonie comme le salade-tomate-oignon d'un sandwich kebab...
Parce qu'Internet le vaut bien et que le monde part en vrille, un ex-caissier aux chromosomes XY vous fait découvrir ses chroniques complètement à l'ouest!
Suivez le guide!

Voyage, Voyage... (2)

Toujours la même galère. On est pour, on est contre, au final, dans cet océan urbain hostile et dé-fiscalisé, il faut bien trouver à nos amis du voyage un endroit où accoster. Pas simple pour eux de dénicher "le" terrain vague où ne règne pas déjà la malaria, la grippe aviaire ou le virus ébola, et qui accueillera sans encombre la dizaine de caravanes du convoi. Et lorsqu'après des semaines de vadrouille à cambrioler côtoyer les aires d'autoroute, ils s'installent enfin, on use souvent de tous les stratagèmes possibles et imaginables pour les expulser, les mettre dehors, les éjecter, les renvoyer...
Mais de quoi a-t-on peur au juste??? Eh bien comme d'habitude, les clichés ont la vie très très dure!!! Un camp de gens du voyage à proximité d'un quartier, et c'est la chute libre des prix de l'immobilier, accompagnée d'une foudroyante déstabilisation de l'économie locale: Banqueroute et dépôt de bilan de toutes les entreprises de réparation de chaises en paille (la concurrence est trop rude), +210% de création d'entreprises de vente et d'installation de systèmes d'alarmes, -90% sur le prix des appartements en rez-de-chausée, -120% sur les duplex en rez-de-jardin (oui, ça ne veut rien dire), pénurie soudaine de certains produits, +100% sur les sacs à main, +50% sur les sabots en bois à semelle compensée provenance Roumanie avec double renfort en titane, +300% de faux billets dans les caisses de Yollande la boulangère (un 500€ pour une baguette ça sentait l'arnaque...), +225% de chèques sans provision dans les mains de Robert vendeur d'accessoires pour caravanes, Louise et Jeanine, caissières chez Franprix, ont été formées, et pourtant, +40% d'apparition soudaine et inopinée de billets d'une valeur faciale de 1500€ avec Dora l'exploratrice en filigrane (ça aurait dû leur mettre la puce à l'oreille...)
Dur... Dur de s'installer quand les clichés s'accrochent, tels les morpions propriétaires squattant le pantalon bicentenaire de "dédé", employé SDF chez Pizza12...
D'ailleurs, dur, ça l'est d'autant plus lorsque dans leur recherche, la terre promise doit se trouver à proximité à la fois d'un point d'eau (bouche d'incendie, arrosage municipal...) mais aussi du "Point Info" d'un centre commercial, composante indispensable à la prospérité du groupe, et à la survie des estomacs. En effet, tenant souvent lieu d'annexe du camp, l'hypermarché a une importance capitale. Il est le lieu de prédilection, l'endroit où l'on rôde, l'endroit où les sabots s'érodent, l'endroit où les esprits s'évadent... Mais c'est surtout le terrain où la pratique s'applique, et les techniques s'affutent... La caissière est là, la caissière voit tout, souvent la caissière ne dit rien, mais plus tard, au détour d'un blog, la caissière racontera... Mais ce moment n'est pas encore arrivé...
Pour l'instant, parlons un peu de cette ville...

Au détour d'un soir de mars, ce sont une vingtaine de véhicules qui débarquent sur le terrain de rugby du parc nord. 27 000 habitants dans la municipalité, 256 415 Lettres sur le bureau du maire le lendemain de la crémaillère. Les riverains ne sont pas contents. Dans leur veines circule la crainte du cambriolage, la peur de l'étranger, la xénophobie du nomade... "Mais comment font-ils pour s'acheter les derniers BM, et les tous derniers Merco ?", "En tout cas ils ont souvent des liasses de billets...", "Et me dit pas qu'ils arrivent à faire ça en rafistolant des chaises???", "leurs roulottes doivent surement être remplies de matériel Hi-Fi et de Kalachnikov"...

Un village se crée, les transats se déploient, les barbecues s'improvisent, les fils se tendent, le linge s'étend, les manouches se détendent et les riverains se crispent! La cohabitation a lieu pour le meilleur et pour le pire, et le crash économique attendu tarde à se produire...

Deux semaines se sont écoulées, pas de problème notable ou d'incident à déplorer, mais cette présence non autorisée commence à bien suffire, et malgré les avertissements, les gitans sont toujours là. Matraques et calibres à la ceinture, ce sont donc les forces de police qui interviennent. Mais très vite, les fesses font bravo. La motivation avec laquelle ils ont l'habitude de contrôler Mohammed et Rachid semble avoir pris un congé très sympathique lorsqu'il s'est agit de titiller la quiétude du gang des réparateurs de chaises... L'uniforme est apeuré, les policiers tournent les talons. Puis ils reviennent peu de temps après accompagnés de la lance à incendie de leurs collègues sapeurs pompiers. A la manière des détenus du quartier de haute sécurité de la prison d'Alcatraz, 6 bars de pression sont propulsés dans la gueule des squatteurs, les femmes et les enfants d'abord, les hommes et les fusils à pompe par la suite... Tout le monde y passe.
Après avoir allègrement saupoudré d'affection chaque centimètre carré du squatt, le terrain des taquineurs du ballon ovale sur lequel nos amis se sont installés n'est plus qu'un gros tas de boue. Au mieux, il pourra servir de ring pour les prochaines rencontres intercommunales de catch féminin, organisées par l'amicale des ornithologues de la ville en association avec les "ni putes ni soumises".
Tout le monde le sait, chaque manouche, gangster s'il en est, cache un arsenal militaire conséquent dans sa caravane. Mais ce jour là, peu de résistance de leur part. Pas de bain se sang, juste un bain de flotte. Douche gratuite, éléphant bleu gratis, ils ont bu à l'œil... Aucune raison de s'énerver...

Le terrain étant devenu totalement inhabitable, en moins de temps qu'il n'en faut pour déplier une tente Quechua, le camp est levé, le convoi s'envole...
Un rocher sera greffé à l'entrée du parc pour que plus jamais ne se produise l'innommable, l'abominable, le scandaleux... l'incursion en territoire civilisé d'une troupe de guitaristes roulant en grosses cylindrées, heureux propriétaires d'une entreprise de réparation de chaises en paille...


Vous consommez, Nous encaissons.

CliEnt SuIvaNt !

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