Pourquoi ? mais pourquoi un blog ?

Carrefour est pour, Auchan méchant, Leclerc persévère... Tantôt jolies, tantôt aigries, les caissières de votre hypermarché favori vous inspirent de la pitié, du mépris, de l'indifférence? Vous vous demandez si les "bip!" de la journée résonnent dans leur tête la nuit? Vous vous en foutez? Vous voulez en savoir plus? Sont-elles payées à ne rien faire? Que font-elles lorsqu'elles ne font rien? et Pourquoi une des roues du charriot dit "f*ck!" aux trois autres?
Que vous a-t-on caché sur ce que vous savez déjà? Sur vos habitudes? Etes-vous un vrai client?
Vous pensez tout connaitre sur l'univers extraordinaire du scanner aux multiples rayons lasers? Vous faites très bien la différence entre une batavia et une scarole? Alors faites chauffer la carte bleue, feuilletez votre chéquier pour vous assurez qu'il vous en reste quelques-uns, détachez votre caddie de celui qui le précède, et préparez vous à déchanter comme jamais vous n'avez chanté! Avec vos yeux, vos oreilles et le bout de vos doigts ! Passez donc du côté obscure de la caisse, où rêve et réalité vivent en harmonie comme le salade-tomate-oignon d'un sandwich kebab...
Parce qu'Internet le vaut bien et que le monde part en vrille, un ex-caissier aux chromosomes XY vous fait découvrir ses chroniques complètement à l'ouest!
Suivez le guide!

Mr Cigare et Mme TOC

14h50. Tout au bout de la ligne de caisses (loin.. loin...), à coté de l'endroit où l'on vous vend les bouteilles d'eau par pack de six, Les litres de jus d'orange par briques de deux, là où un dénommé coca-cola règne en maitre, pas loin du trou des fesses de l'hypermarché, endroit décrit par les intimes comme étant "le bout du bout du désespoir des caissières exilées", pas de caissière en vue et pourtant c'est là que dans une indifférence absolue, probablement semblable à celle dont souffrent actuellement les populations abandonnées des quatre coins du globe, le tapis de la caisse n°1, dans un ronronnement qui lui est propre(caractéristique du tapis sale), entame doucement sa deuxième heure de rotation non-stop. Tel un taxi qui tournerait toute la journée sans prendre un seul client, depuis de longues minutes, celui-ci s'active tant bien que mal à faire avancer du vent. Mistral, Tramontane, même combat... On a manifestement oublié de l'éteindre...
Deux heures et demi plus tôt, bouclant la journée de dur labeur d'une caissière au bord du gouffre, la dernière cliente à avoir posé sa marchandise sur la bande de caoutchouc rotative de cette caisse en orbite, n'avait pas eu la présence d'esprit de vérifier l'intégrité de chacun des œufs du paquet qu'elle avait choisi. Le tapis a morflé sévère. La cliente, quant à elle, s'en rendra compte en rentrant chez elle (l'œuf cassé terminera à la poubelle. ça aurait pourtant fait une belle omelette...).
2h30 se sont écoulées depuis l'incident. Anodin pour le commun des mortels, il fût dramatique pour notre très indispensable tapis de caisse qui continue à tourner dans le vide. Le blanc d'œuf a séché. Une tache, grosse comme l'état du texas, rappelle toutes les 30 secondes à la terre entière(1 minute pour que le tapis fasse un tour complet), que malgré la note hebdomadaire déposée en caisse centrale à la portée des yeux fatigués du personnel, la caissière est partie sans nettoyer son poste de travail. La looze.
La plupart des caissières préfèrent nettoyer leur caisse à leur arrivée afin de perdre un maximum de temps et ainsi retarder l'échéance du début de l'engrenage infernal des rafales de SBAM (Sourire, Bonjour, Au revoir, Merci). CQFD.

A 80 mètres de là, à une autre caisse, sous le regard attentionné d'un mari tenant au bout des lèvres un demi cigare éteint, dont on devine qu'il tient en place par un savant mélange de bave séchée et de poudre de racines de manioc, Madame TOC sort la marchandise du charriot, et organise ses articles sur le tapis avec la minutie d'un horloger suisse, la précision d'un chirurgien du cerveau, et la psychose schizophrènique d'un Hannibal Lecter à qui on viendrait d'arracher un à un tous les poils du nez pendant qu'il était forcé d'écouter l'album de Vita... Flippant!
L'heure est grave, le geste est précis. Si Madame TOC était dans le Hip-Hop elle serait certainement en train de bouger sur un son de DJ Abdel, la tête en bas, effectuant une coupole à 1080° en traçant un cercle parfait à l'aide de l'index de sa main droite. La classe !! Mais Madame TOC ne sait pas danser. Au lieu de ça, sur le tapis de caisse, ses 2 rouleaux de pâte feuilletée sont parfaitement parallèles et redoutablement perpendiculaires au paquet de céréales collé juste derrière, lui-même en phase avec le riz et les pâtes, qui forment un triangle isocèle avec le ketchup et la mayonnaise. Bizarre ???
Sous le regard impassible d'un Monsieur Cigare au summum de l'inexpressivité, Madame TOC est en train de sombrer.
Madame TOC déteste le désordre incontrôlable qui règne dans un filet de babybel, ça lui donne l'impression de perdre le contrôle. Elle n'en achète pas. En revanche, elle sait que la largeur du tapis de caisse permet de faire tenir côte-à-côte 4 camemberts Président, laissant de part et d'autre 2 cm de tapis, intervalles dans lesquels elle peut placer 2 paquets de bicarbonate de soude de marque "premier prix", pour finalement ne laisser qu'un demi-millimètre d'espace inoccupé. Pas mieux. Pour l'instant.
Le délire ne prend fin que lorsque Madame TOC peut constater, prorata temporis, que les produits disposés sur le tapis forment une figure géométrique parfaitement symétrique, en accord avec l'alignement des satellites de vénus et de jupiter, et en harmonie avec le nombre de lettres formant la déclaration du protocole de Kyoto sur les gaz à effet de serre.

Madame TOC et Monsieur Cigare viennent faire leur courses tous les samedis, et chaque samedi, sans que personne ne s'en apercoive, dans l'intimité de ce couple de quinquagénaire et sous la fascination d'une hôtesse de caisse médusée au delà du réel, la magie opère... Et David Copperfield est un sacré charlatan...


Bref, les années passent, les regrets restent, les gens du voyage voyagent, Monsieur Cigare est toujours fidèle à son cigare, et Madame TOC à son magasin... Car les tapis de caisse n'ont pas toujours la même taille.

Vous consommez, Nous encaissons.

CLiEnt SUivAnT !

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