Pourquoi ? mais pourquoi un blog ?

Carrefour est pour, Auchan méchant, Leclerc persévère... Tantôt jolies, tantôt aigries, les caissières de votre hypermarché favori vous inspirent de la pitié, du mépris, de l'indifférence? Vous vous demandez si les "bip!" de la journée résonnent dans leur tête la nuit? Vous vous en foutez? Vous voulez en savoir plus? Sont-elles payées à ne rien faire? Que font-elles lorsqu'elles ne font rien? et Pourquoi une des roues du charriot dit "f*ck!" aux trois autres?
Que vous a-t-on caché sur ce que vous savez déjà? Sur vos habitudes? Etes-vous un vrai client?
Vous pensez tout connaitre sur l'univers extraordinaire du scanner aux multiples rayons lasers? Vous faites très bien la différence entre une batavia et une scarole? Alors faites chauffer la carte bleue, feuilletez votre chéquier pour vous assurez qu'il vous en reste quelques-uns, détachez votre caddie de celui qui le précède, et préparez vous à déchanter comme jamais vous n'avez chanté! Avec vos yeux, vos oreilles et le bout de vos doigts ! Passez donc du côté obscure de la caisse, où rêve et réalité vivent en harmonie comme le salade-tomate-oignon d'un sandwich kebab...
Parce qu'Internet le vaut bien et que le monde part en vrille, un ex-caissier aux chromosomes XY vous fait découvrir ses chroniques complètement à l'ouest!
Suivez le guide!

Agitant le neiman ou choyant les sabots (2/2)

Un beau jour de février, qui ressemblait plutôt à un mauvais jour de décembre, j'eus la naïveté perverse de m'imaginer que je passerais ma journée de caisse sans l'ombre d'une barre de rire. Sans problème, sans galère ni artifice, une journée pépère avec distribution rationnée d'un "Bonjour" et d'un "Au revoir" par client, afin de minimiser les clashs, optimiser mon haleine et gérer mes pauses pipi (oui, ce sujet revient souvent, mais on ne sait pas ce que c'est tant qu'on a pas essayé). Mais tant va l'autruche à l'eau qu'a la fin elle se noie la bougresse. Enfonçant mon rouleau thermique dans l'imprimante en sifflotant du Scatman, j'étais loin d'imaginer ce qui allait suivre...


Quelques années auparavant, un homme du nom de James Dyson inventa le premier aspirateur sans sac, sensé libérer l'usager des frais engendrés par l'achat régulier de sac en papiers pour aspirateurs traditionnels. Il rassura cependant la population en leur jurant que ça ne changerait rien pour leur environnement, que la saleté engendrée terminerait tout de même dans un coin du tiers-monde. On est pas des bêtes. Malgré le cout de fabrication bon marché de son invention, assemblé dans un coin reculé de Malaisie, où poussent chaque jour des milliers de petits travailleurs potentiels payés mais aussi frappés au lance-pierre, le prix de vente de l'aspirateur s'est très vite avéré être inabordable pour le commun des mortels, cantonnant la présence du précieux appareil dans les foyers d'une élite de banquiers fortunés que la crise finirait d'assécher quelques années plus tard.

Bref, par cette journée de février, alors que je commençais à peine à tournoyer sur ma chaise profitant d'une accalmie dans les rayons, se présentent à ma caisse un couple de gens d'une population que je n'oserai citer, et ce pour des raisons évidentes de sécurité à la fois corporelle et matérielle (j'ai une famille !). Ces deux personnes ont visiblement décidé de s'offrir l'aspirateur en question. Et là, Mes yeux se plissent et je dis "Stop ton vice !". Mais les apparences sont trompeuses. Ni une, ni deux, ni trois d'ailleurs, je saisis la boite de l'aspirateur qu'ils me tendent à bout de bras afin de scanner son code-barres plaqué-or, ce que mes bras puissants me permettent de faire avec beaucoup d'aisance malgré ce que pèse l'or massif. S'affiche alors à l'écran de ma caisse un intitulé tellement barre-de-rirogène que je vais de ce pas le partager avec vous:
Poêle carref. 15.00 €


Feintant l'air étonné, comme l'excellent acteur que je suis, j'indique aux clients avec un maximum de classe (certains diront que j'ai fait du zèle ce jour là) qu'il y a visiblement une erreur sur le prix, et que si cet aspirateur est bel et bien à 15 euros, je veux bien en acheter pour toute l'Afrique (histoire de donner aux populations meurtries l'occasion de se venger). C'est alors que le mari s'avance vers moi, le faciès aussi coupable que pourrait l'être un pédophile jouant dans la piscine à boules du macdo un jour d'anniversaire, pour m'annoncer que si l'aspirateur est plus cher que ce qu'affiche ma caisse, ils n'en veulent pas. Vicieux comme je le suis aussi, et comme j'affectionne à le rester, je décroche mon téléphone pour appeler le roller afin qu'il vérifie le prix de l'article. "A ce prix là, c'est vraiment une affaire! On va quand même vérifier, c'est peut-être bien vous qui avez raison!". Leur dis-je.
Alors que petit à petit commençaient à perler sur son front les gouttes de la honte et du mépris, le client m'invita, avec un soupçon d'agacement, à raccrocher mon téléphone, m'assurant qu'il avait changé d'avis et qu'il n'en voulait plus! Je finis, grand seigneur, non sans un soupir de satisfaction, par reposer mon téléphone à sa place.
Ce jour là, ils ne sortiront du magasin qu'avec un petit paquet de chewing-gum...
sans sac...


Zèle quand tu nous tiens, l'amour de la profession,
Imprimante dernier cri, et Code-barres en contrefaçon,

Vous consommez, Nous encaissons.

cliEnt suiVant!

PS: R.A.S.? Tu vois toujours rien dans le titre ?

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