Pourquoi ? mais pourquoi un blog ?

Carrefour est pour, Auchan méchant, Leclerc persévère... Tantôt jolies, tantôt aigries, les caissières de votre hypermarché favori vous inspirent de la pitié, du mépris, de l'indifférence? Vous vous demandez si les "bip!" de la journée résonnent dans leur tête la nuit? Vous vous en foutez? Vous voulez en savoir plus? Sont-elles payées à ne rien faire? Que font-elles lorsqu'elles ne font rien? et Pourquoi une des roues du charriot dit "f*ck!" aux trois autres?
Que vous a-t-on caché sur ce que vous savez déjà? Sur vos habitudes? Etes-vous un vrai client?
Vous pensez tout connaitre sur l'univers extraordinaire du scanner aux multiples rayons lasers? Vous faites très bien la différence entre une batavia et une scarole? Alors faites chauffer la carte bleue, feuilletez votre chéquier pour vous assurez qu'il vous en reste quelques-uns, détachez votre caddie de celui qui le précède, et préparez vous à déchanter comme jamais vous n'avez chanté! Avec vos yeux, vos oreilles et le bout de vos doigts ! Passez donc du côté obscure de la caisse, où rêve et réalité vivent en harmonie comme le salade-tomate-oignon d'un sandwich kebab...
Parce qu'Internet le vaut bien et que le monde part en vrille, un ex-caissier aux chromosomes XY vous fait découvrir ses chroniques complètement à l'ouest!
Suivez le guide!

Vous l'avez pris où? (1/2)

Il y a ces petites choses désagréables dans la vie, qui vous arrivent à peu près tous les jours mais que vous ne remarquez presque plus, je veux parler de la chaussette trouée, du collant filé, du manque de sel dans la purée, du collègue qui vous grille à la machine à café, des infos qui vous rabâchent la mort d'une personne décédée, ou encore de ce paquet de lait pas tout à fait vide mais qui, à quelques gouttes près, nécessite l'ouverture d'un nouveau paquet... il y a tout ça... et puis il y a... L'Article qui ne Passe Pas.

Selon de nombreux instituts de sondage véreux vendus corps et âme à la cause politique, ce désagrément technique à la caisse apparait clairement comme étant LE mal qui gangrène le plus la vie des français, loin devant les Feux de l'amour. Pas étonnant qu'en 2010 ce problème soit à lui seul la cause de pas moins de 150 000 divorces, 2600 attaques à main armée, 18650 prises de RTT, et 1260 épisodes de Plus Belle la Vie...

A chaque passage en caisse, il est fréquent que tout un chacun appréhende cet instant funeste où la caissière se rend compte qu'il n'y a pas de code barres sur un produit, ou lorsque retentit ce bip caractéristique émanant de la caisse indiquant que le produit scanné est inexistant... Parce que quand cela vous arrive, alors c'est tout votre monde qui s'effondre, et la mort du Roi de la Pop n'est que pipi de chat à côté de cette catastrophe. Dans un moment de lucidité vous vous dites "pourquoi moi? et pourquoi sur une boite de préservatif? Je n'ai pourtant pas voté Sarkozy!", persuadés que ça n'arrive qu'à vous... mais non... 300 victimes dans la journée en moyenne, vous n'êtes jamais seul à morfler...

Plusieurs tentatives. Un passage, deux passages, trois passages, rien à faire, le produit s'obstine à ne pas vouloir passer... La caissière n'a plus qu'à décrocher le précieux téléphone et à composer le numéro qui fera surgir des abysses du magasin la seule personne en mesure de mettre un terme à ce chaos, Le Roller!

à suivre...

Quand ça ne passe pas, ça casse les bonbons,
Vous consommez, Nous encaissons.

CLIENT suivant !

Attente Musicale

Non non, les hypermarchés qui diffusent de la musique d'ascenseur ça n'arrive qu'aux States'. Pas de ça chez nous. Oh que non!
A la place, le PC sécurité (qui était aux platines) nous diffusait une compilation des meilleurs titres pop-rock-dance des 20 années précédentes. Même l'agent Roger, membre de l'unité tactique camerounaise de surveillance rapprochée de l'arrière caisse (le vigile quoi), m'a déjà fait remarquer que "L'acoustique d'un grand magasin, c'est assez particulier. Rien de tel que la magie des harmoniques ricochant d'un rayon à l'autre comme un galet sur le lac, ou l'étrange parcours de ces accords frappant les bacs à surgelés pour nous revenir ensuite aux oreilles imprégnés d'une fraicheur juvénile naissante, lorsque la puissance des alizés de nos...", me disait-il.
Et là, je l'ai laissé dans son délire. Je me suis éloigné... Durant les quelques moments d'inactivité perdus ça et là au beau milieu de mon "service" agité (magasin désert), après avoir épuisé les occupations habituelles (jouer avec le magnétisme de la machine à antivols, feuilleter le magazine télé, balayer l'horizon autour de moi à 360 degrés à la recherche d'un regard complice, ...), il m'arrivait souvent de me lever de ma chaise, de quitter ma caisse un instant pour profiter de cette musique qui résonnait dans l'air en tapant quelques pas de danse bien sentis. Le temps de faire rêver la foule en performant un moonwalk sur du johnny hallyday, et j'étais retourné à ma place... 10 numéros de téléphone en poche... La Classe!
En fait non, chui un mito. Je restais collé à ma caisse, scotché à ma chaise, comme un miséreux, et histoire de prolonger la magie de cet instant "sans clients", je m'adonnais à faire ce que toutes les caissières savent si bien faire: feindre l'occupation. Ou comment faire croire au client qu'on est pas disponible, qu'on fait autre chose, qu'on nettoie notre caisse, qu'on répond au téléphone, qu'on a mal au ventre, qu'on a envie de vomir, ou qu'on est sur le point de partir... En général, avec cette technique, le client, perplexe, passe son chemin et choisit plutôt la caisse suivante... YES PAPA ! Ça marche !


Bien sûr, vous connaissez la chanson,
Vous consommez, Nous encaissons.

cLiEnT SuivAnT !

PS: Si une caissière qui vous dit qu'elle préfère avoir des clients à ça caisse, arguant qu'ainsi le temps passe plus vite, n'en croyez pas un traitre mot. Elle adore qu'on la laisse tranquille la bougresse... Mais c'est comme ça qu'on l'aime...

Top! Flop!

Le tour de France reprend du service, les fabricants de seringues et autres entreprises pharmaceutiques prennent instantanément 20% à la bourse de Paris, et ça ne m'explique toujours pas d'où provient cette étrange citation aux accents diaboliques: "Miska Moska Mickey Mouse!"...


Alors que l'on s'apprête à lancer sur la ligne de départ une armée de cyclistes au sang modifié, dont les performances cybernétiques vont une fois de plus émerveiller la France qui se lève tôt et s'endort devant France 2, c'est l'occasion pour nous de poser LA question qui taraude les français, et les plonge régulièrement dans cet océan de dubitativité dont ils n'arrivent à émerger qu'avec l'aide d'un épisode de docteur House: Combien d'articles à la minutes une caissière peut-elle scanner, sans l'aide d'aucune injection de produits stupéfiants?

Avant de répondre à cette question et de rendre ainsi hommage à celui qui prendra le départ du Tour de France vêtu d'une combinaison Arena Power X-Glide persuadé qu'il échappera ainsi aux lois de la physique à l'aide d'une tenue non homologuée pour nager dans l'eau, j'aimerai moi aussi poser au monde une question de la plus haute importance: Pourquoi ?
La réponse est évidente, mais pas tant que ça...

Mais pour en revenir aux histoires d'articles à la minute, je dirais que c'est une interrogation qui à coup sur exige l'anecdote, nécessite l'anecdote, pousse à l'anecdote, force l'anecdote, et cette anecdote, la voici...

Le nouveau patron de caisse de l'époque, une espèce de sergent chef à la coupe moquette parfaitement taillée dont j'ai déjà eu l'occasion de parler il y a quelques temps, avait fait scotcher un très intéressant morceau de papier au dos de la porte du local caisse. Tel un Sarko schyzo cherchant constamment à opposer France qui travaille et France qui profite, le chef de caisse s'était mis en tête d'opposer chez les caissières celles qui baillent et celle qui scannent vite. Au mépris de tous les engagements du grenelle de l'environnement, il avait pris l'étrange initiative d'afficher à la figure des travailleurs ingrats que nous étions, ce qui n'était ni plus ni moins qu'un classement du nombre d'articles scannés à la minute par tête de bétail. Avec identification par matricule. S'en suivirent alors les conclusions qui vont bien. La 108 fait de la peine, le 146 est à la traine, la 117 est une flèche, la 215 fait de la lèche, la 223 est une brêle, la 152 fait du zèle... Mortel!
C'est sûr, depuis sa caisse numéro 38, Gisèle la championne et ses 30 références à la minute donnait absolument tout ce qu'elle avait, tout en rêvant secrètement d'être un jour promue en caisse 31. Tandis que Thierry l'étudiant en chimie qui scannait d'une main tout en faisant du texto de l'autre stagnait désespérément à 15 articles, raclant par la même occasion le fin-fond du précieux listing...

Quel beau cadeau qu'on nous avait fait là!
Mais heureusement, cette abomination radioactive de feuille au format A4 n'était affichée de manière très ostentatoire "Qu'à titre purement informatif!"
D'ailleurs, pour le prouver, dans le coin supérieur droit du top 50 on pouvait lire:
Plus de 20, C'est le Top!
Moins de 20, C'est le Flop!

Si avec tout cette misère affective on avait pas désormais toutes les raisons du monde de souhaiter au sergent de finir étouffé dans son caca, c'est surement que nous étions sous l'emprise d'un quelconque produit dopant.

Stéroïdes, EPO, et faux échantillons,
Vous consommez, Nous encaissons.

ClIeNt SuIvAnT !

Louise

Cheveux poivre et sales, Louise a la tignasse d'une femme de 105 ans. Son visage en parait 35, mais ses conversations font définitivement d'elle une femme mure. Elle aime parler du temps qu'il fait quand il fait moche, elle affectionne les échanges politiques façon comptoir de PMU, Chirac est un escroc... les politiciens? tous des voleurs. Comme quoi les explications les plus simples sont souvent les meilleures. Strictement incollable au top 50 des tâches ménagères, elle m'a souvent conseillé sur le nettoyage de mes habits, où comment ne pas laisser persister sur mes chemises l'ombre d'un faux pli, volant parfois au secours de mes nœuds de cravates, me voyant face à cette épreuve complètement démuni... Hasard de la vie, Louise arrivait toujours au travail accompagnée d'un sourire éclatant, tiroir caisse sous le bras, elle devait laisser imaginer au commun des mortels qu'elle exerçait le plus beau job du monde. Tandis qu'à quelques mètres de là, une demi douzaine de caissières se ferait volontiers arracher violemment 2 ou 3 molaires si cela pouvait leur permettre d'être ailleurs qu'à leur poste de travail, Louise, quant à elle, se dirigeant vers sa caisse, transpirait la joie de vivre des Ingalls, la bonne humeur de Dr Quinn, et la sueur d'une femme qui transpire.
Louise n'aurait jamais recalé un client à qui il aurait manqué 1 centime, elle n'aurait certainement pas refusé un paiement en espèces à une caisse réservée carte bleue, elle aurait toujours trouvé une issue diplomatique aux conflits inhérents à la fameuse caisse prioritaire...
Individu lambda parmi la foule, mais spécimen sigma des plus improbables dans l'océan des caissières aigries, elle avait le respect du client, l'amour des enfants, la patience de l'éléphant, et une haleine de chacal de temps en temps...

Un beau jour de mars, comme il ne peut en exister qu'un seul et unique dans une vie, bafouant le protocole, Louise part en pause, laissant à sa caisse son tiroir contenant les recettes de la matinée. 9 minutes plus tard, de retour à son poste de travail, pauvre femme! C'est le drame! Vide comme le désert du Kalahari, résonnant comme le cerveau d'Ève Angeli, durant son absence, le tiroir a manifestement subit un nettoyage minutieux et précis.
Le monde est sans merci.
Ce qui n'empêchera pas Louise de se faire remercier.


Vous consommez, Nous encaissons.

client SUIVANT!

Un soupçon de culture dans un monde insoupçonné

Code à barres/Gencod

Ayant dores et déjà à son actif le traumatisme de plusieurs générations de consommateurs aguerris, appauvrissant les plus pauvres, enrichissant les plus riches, il est le symbole absolu de nos sociétés mercantiles. Son faciès désagréable le relègue souvent au dessous des emballages, face contre terre, ou au dos des boîtes, dans le meilleur des cas, toujours à l'opposé du regard des gens. Il travaille ainsi dans l'ombre de la face cachée de vos produits préférés, le teint blafard, l'air glauque, le ton monotone, nageant le plus souvent dans une harmonieuse alternance de noir et de blanc. Lorsqu'en classe on l'appelle par son code, il est toujours le seul à répondre, car il a la particularité d'être unique. Défiant les lois de la physique, le code barres est chic! Mais pathétique, il vous pousse à lâcher du fric!

Voyant que dans sa froideur il y avait un hic, des Japonais ont eu une idée fantastique, apporter à ce symbole glacial et cynique, la valeur ajoutée délurée d'une touche artistique...
Voilà le genre de choses que l'on peut trouver sur certains produits au pays du soleil levant:
source: darkroastedblend.com

C'est tout pour aujourd'hui.

De la culture pour pas un rond,
Vous consommez, Nous encaissons.

CLiEnt suiVaNt!

La ruée vers l'or

Pas plus tard qu'à l'instant même, alors que mon tube résolument cathodique, basse définition, "has been" comme on n'en fait plus, projetait sur ma rétine un énième épisode de Julie Lescaut, ou des Experts (si si c'est pareil!), je me suis surpris à manger un fromage frais nature 0% de matière grasse, mais au bifidus non-actif parce que c'est une sous-marque.
Réaliser que je mangeais un produit qui n'avait pas été l'objet de toute l'attention nécessairement suffisante pour en faire un yaourt cher, fit soudain surgir dans mon esprit l'étincelle de la révolte, la naissance d'un cheguévarisme inopiné, d'un déchainement de violence intrinsèquement ridicule contre les injustices notoires de la vie, bref, j'ai soudain eu l'irrésistible envie de vous parler, de ce que l'on connait communément sous le nom de "crotte de nez"...
Et comme l'heure du repas approche...

Ce que je m'apprête à dire là peut paraitre très anodin par les temps qui courent, et n'hésitez surtout pas à me gifler si je me trompe, ou à me tabasser à coups de barre de fer si je me fourvoie, mais il y a des moments dans la vie où, contre toute attente et malgré les élections truquées et le bourrage des urnes, on ne sait pas trop quoi faire de nos mains. En temps normal, certains les mettent à contribution dans de nobles entreprises, tels le trafic de drogue et d'organes ou la défense de la veuve et de l'orphelin, tandis que d'autres s'endorment avec les fesses qui grattent et se réveillent avec les doigts qui puent. Chacun son délire, c'est pour une bonne cause. Mais il est une pratique manuelle qui, je dois bien l'avouer, me laisse assez perplexe quant aux bénéfices qu'elle apporte à l'humanité. Ce fléau continue de se répandre à la manière d'une grippe mexicaine ou de gilets jaunes fluo sur les sièges auto, et rien ne semble être en mesure de l'endiguer. Je veux parler de cet intérêt croissant d'une population en crise pour le fouillage de narines, la brocante aux merveilles, la ruée vers le mucus, le curage de nez...

Au fil de mes aventures routières diurnes, je me suis rendu compte que le métro n'avait pas le monopole de cette activité lucrative, le phénomène est aussi très présent sur nos routes. Vous savez bien, on roule tranquillement au volant de notre petite voiture et, au détour d'un rétroviseur ou d'une rotation de la tête, on surprend un automobiliste insouciant en train de chercher des pépites dans ses gros nasaux... A chaque fois, les circonstances de l'incident et le mode opératoire sont tristement les mêmes. Le nez est bien rempli, à tel point qu'on éprouve une douleur en appuyant dessus tellement y'a du monde, et là subitement, se croyant à l'abri des regards et du jugement populaire dans l'intimité que nous offre l'habitacle de notre voiture, nous commettons l'abjecte... Nous recherchons l'introuvable... et tentons désespérément d'attraper celui qui malheureusement ne se laisse jamais prendre... Mothafucka!
C'est fou quand on y réfléchit un peu! (comment ça vous n'avez pas envie d'y réfléchir?), il y a des gens qui pensent que, sous prétexte qu'ils sont dans leur voiture à griller les kilomètres et la couche d'ozone, cela suffit à les faire passer du coté invisible de la force, à les rendre furtif aux yeux d'autrui... et du coup, ça se lâche! L'accident bête! Le doigt ricoche soudain jusque dans les profondeurs, et c'est parti pour une séance de plongée sous-narines en apnée...
En général le criminel n'arrête ses fouilles que lorsqu'il a extirpé des cavernes aux merveilles un candidat suffisamment imposant pour se sentir soulagé... Il le tient bien, le regarde parfois, le roule avec sensualité, et finit par le libérer dans la nature sauvage.
C'est alors que mon cerveau se met soudain à imaginer ce qui doit vraisemblablement se passer dans les voitures aux vitres teintées! Les gens passent surement à l'acte! Ambiance sauce aigre-douce! Rock'n'Roll!
Mais le pire dans cette affaire c'est que la nasophilie aggravée semble toucher toutes les classes de la population, du plus déshérité (jme cure le nez? et alors? c'est la crise oui ou non?) jusqu'au plus à l'aise financièrement (Je ne calcul rien ni personne, je met le doigt dans mon nez! et alors? J'impose le style!).

D'ailleurs à ce propos, pas plus tard que tout à l'heure au boulot, lors d'une interminable réunion, faite d'inutilité verbale et de brassage d'air sous pression, un 250K€ nous a fait l'honneur, que dis-je, le privilège d'un tour d'horizon de sa narine gauche, jusqu'à en saigner... ou quand les euros en masse imposent forcément la Classe!
A mon tour de rendre hommage à cet homme, en le remerciant chaleureusement d'avoir inspiré ce ghetto intellectuel de quelques lignes...

Toujours au poste pour vous faire rêver!
Nous encaissons, Vous consommez.

ClIEnT SuIvAnt!

PS: Oui, oui, la caissière le fait aussi de temps à autres. C'est d'ailleurs ce qui amène ce petit gout sucré à vos batavias...

Rideau de fer

Lundi matin. 1h25 à Vera Cruz, 8h25 à Paris.
H-5 minutes avant l'ouverture de l'hyper.

Une horde de charriots affamés colle le rideau de fer encore baissé de l'entrée principale du magasin. L'instant est irréel. C'est à croire que tout se joue à cet instant précis, le score du prochain OM-PSG, le sort des otages colombiens, la famine en Afrique, les guerres, le trou de la sécu, tchernobyl, le retour d'Evelyne Thomas à la télé...
Moyenne d'âge, la cinquantaine. On sent bien que le charriot n'est pas seulement là pour porter les courses.

C'est alors qu'une voix retentit dans les profondeurs:
Pssshhhhhht... Il est 8h30, votre magasin ouvre ses portes, toute l'équipe est heureuse de vous accueillir et vous souhaite une agréable journée.... Pshhhhhtttt.

D'un mouvement si bien coordonné qu'on croirait qu'il a fait ça durant ces 200 dernières années, un agent de sécurité congolais tourne une clé sans papier dans une serrure certainement en situation irrégulière.
Le rideau métallique commence alors sa lente ascension, à base d'un centimètre par seconde. Les clients n'en peuvent plus d'attendre. Les plus souples commencent à se glisser sous le rideau alors qu'il n'est levé que de 5 centimètres, les autres suivent. Dans un flot continu d'une durée de quelques minutes, tout ce beau monde se déverse alors à l'intérieur du magasin, se faxant de l'autre côté comme le ferait une mauvaise odeur passant sous la porte des toilettes un jour de diarrhée aiguë.

Début des soldes? Veille de Noël? Pas vraiment non...
Plutôt une journée comme les autres.

Les clients les plus rapides passeront en caisse seulement quelques minutes après être entrés dans le magasin, une baguette à la main. Apportant ainsi à la caissière ses premières aigreurs matinales, en lui renforçant encore un peu plus son sentiment de sénilo-phobie.
Oui, oui, la caissière n'affectionne pas particulièrement les personnes du 3ème âge. Paradoxalement, elle leur en veut à la fois de se pointer le matin pour acheter 2 articles qui se battent en duel (ils ont vraiment rien à foutre ces retraités), mais aussi de venir faire leurs courses lors du rush du samedi après-midi (ils ont tous les autres jours de la semaine, pourquoi ils viennent nous faire chier un samedi?).

Tout à fait, vous l'avez bien compris, une caissière, c'est avant tout cosmique et multi-proportionnel.

De bon matin, pour une baguette ou quelques bonbons,
Vous consommez, Nous encaissons.

client suivant!