Pourquoi ? mais pourquoi un blog ?

Carrefour est pour, Auchan méchant, Leclerc persévère... Tantôt jolies, tantôt aigries, les caissières de votre hypermarché favori vous inspirent de la pitié, du mépris, de l'indifférence? Vous vous demandez si les "bip!" de la journée résonnent dans leur tête la nuit? Vous vous en foutez? Vous voulez en savoir plus? Sont-elles payées à ne rien faire? Que font-elles lorsqu'elles ne font rien? et Pourquoi une des roues du charriot dit "f*ck!" aux trois autres?
Que vous a-t-on caché sur ce que vous savez déjà? Sur vos habitudes? Etes-vous un vrai client?
Vous pensez tout connaitre sur l'univers extraordinaire du scanner aux multiples rayons lasers? Vous faites très bien la différence entre une batavia et une scarole? Alors faites chauffer la carte bleue, feuilletez votre chéquier pour vous assurez qu'il vous en reste quelques-uns, détachez votre caddie de celui qui le précède, et préparez vous à déchanter comme jamais vous n'avez chanté! Avec vos yeux, vos oreilles et le bout de vos doigts ! Passez donc du côté obscure de la caisse, où rêve et réalité vivent en harmonie comme le salade-tomate-oignon d'un sandwich kebab...
Parce qu'Internet le vaut bien et que le monde part en vrille, un ex-caissier aux chromosomes XY vous fait découvrir ses chroniques complètement à l'ouest!
Suivez le guide!

Scanner meurtrier

354 euros et 25 centimes. Ça, c'est la fin de l'histoire...
Parlons maintenant du début...
Fin d'après midi. Après une dure journée à squatter les bancs de la fac, telle une élite spartiate sur le point de se faire anéantir par un Xerxès à la tête d'une armée d'un million de clients prêts à en découdre, les étudiants caissiers prennent leur service. Avé César! Ceux qui vont nourrir te saluent!

L'étudiant à mi-temps arrive au travail avec ses 5 minutes syndicales de retard quotidien, c'est la règle. Mais il a une excuse en béton armé, enfiler sa tenue de travail, ça prend du temps! Alors tandis que les uns maîtrisent parfaitement l'art du débraillé (l'uniforme fourni par l'enseigne est bien là mais on sent bien que chaque étudiant y a apporté son petit quelque chose de "rébellion"), d'autres ont jugé bon d'arborer sur leurs chevilles les couleurs de la marque à la virgule, histoire de faire une fois de plus s'époumoner du chef de caisse, s'égosiller de la caissière principale, s'ouvrir les veines du directeur de magasin, ou encore kiffer à mort tous les copains... en vain... Une fois encore, au mépris de toutes les conventions internationales sur les armes bactériologiques, le jeune est rebelle, et les téléphones portables ne vont pas passer par la case "vestiaires"...
Quant à moi, les 8 heures d'informatique traumatisante de la journée sont déjà loin, mon esprit déglingué est également sur le point de kiffer une soirée 4 étoiles à scanner du petit pot pour bébé, à refouler des centaines de bons de réduction périmés, à chercher quelques milliers de codes barres bien dissimulés... pitié...
Avec sa chemise tirée à 256 épingles et sa coupe de cheveux parfaitement ajustée, le chef de caisse, dans son inspection minutieuse du personnel étudiant, jette un oeil rapide à ma barbe de quelques jours, puis, par un ton dénotant l'amitié, genre "non, non, je ne suis pas complètement un enfoiré", l'homme me glisse ces quelques mots: "Tu vois petit, toi au moins tu te rases avant de venir", 2 minutes auparavant, un certain Romain venait de se faire mettre à la mende pour quelques poils récalcitrants et disgracieux qui s'insultaient les uns les autres. Mais ce que le chef ignorait, c'est que si mes poils de barbe m'avaient fait l'honneur de pousser en temps, en heure et en quantité, je serais certainement, comme Romain, du nombre des "mis à la mende"... Ça a du bon la puberté à 22 ans...

Printemps déjà bien entamé, il est 19h00 et pourtant le soleil est encore bien là. Malgré l'heure tardive, la température avoisine les 24°. 10ème sac de charbon vendu en une quinzaine de clients, mes mains ressemblent à celles d'un mineur de fond, le grisou en moins, le client en plus. Pour accompagner le combustible, viandes en tout genre et bière comme s'il en pleuvait... tout cela a un prix, c'est la crise, mais qu'importe... Les tenues sont légères, sandales et tongs ont commencé leur long calvaire estival à supporter les effluves de leur porteur, tandis que s'avance vers ma caisse et moi-même une femme d'une quarantaine d'année, vêtue d'une espèce de toge en lin du Pérou, coiffée d'une espèce de salade en batavia d'Espagne... La dame me dit "Bonjour", je lui répond "Bonsoir", elle me répond "Bonsoir...", je ne lui répond rien, elle ne me répond rien non plus... Elle me tend un couvercle en plastique, j'ai du mal à comprendre. A-t-elle consommé à l'intérieur du magasin les 850g de bananes BIO, provenance Côte d'ivoire, dont elle me tend l'emballage, comme on consomme un début de baguette pour calmer une faim subite ou qu'on entame un paquet de gâteaux pour calmer des gosses bien relous??? Pas le temps pour moi de lui demander ce qu'elle avait fait de ses bananes que tombe alors LA réplique qui allait faire que 4 ans plus tard je me souviendrais encore des méandres tortueusement mal coiffées de sa tignasse brune: "Je vous passe seulement les couvercles, pour ne pas qu'ils soient irradiés par les rayons du scanner". Mais c'est qui "Ils" au juste?? Des rescapés de tchernobyl?? Les protagonistes du nouveau Spielberg??? Une banane en provenance de côte d'ivoire??? Ok, Ok... j'ai capté le délire... Encore un de ces moments où on est sur le point d'ouvrir sa bouche, pour finalement la garder bien fermée... à quoi bon?
8 couvercles plus tard et une soixantaine de produits issus de l'agriculture biologique au compteur, notre amie ultra-BIO-psychopathe laserophobe s'apprête à débourser 354 euros et 25 centimes... Sans doute le prix de la sécurité alimentaire... ou encore les honoraires d'un bon psychiatre...


Vous aimez les légumes, Nous scannons leurs emballages. A mort les radiations!!!
Vous consommez, Nous encaissons.

CliEnt SuIvaNt !

Repassez, Madame, s'il vous plait !

Vous êtes vous déjà fait fouiller ou palper par un agent de sécurité pendant votre visite hebdomadaire à votre caissière favorite? Jamais? Ça vous rend triste? Zaho trouve ça "chelou", tandis que vous, vous trouvez ça "relou"? Vous aimeriez, au moins une fois dans votre vie, sentir sur vos flancs la délicate caresse du geste précis du vigile habile, cherchant sur vous une éventuelle marchandise que vous auriez subtilisée aux rayons du magasin sans la payer? Eh bien rêvez toujours, ça n'arrivera pas !

Respiration lente, regard dans le vide, il se tient là, à quelques mètres des caisses, à quelques mètres de vous, debout, bras croisés, rêves brisés, impassible, bercé dans l'accoutumance par la nuisance des sonorités musicales d'une galerie marchande qui voit passer, chaque jour, un millier de ses aller-retours. Qui sait à quoi pense l'agent de sécurité lorsque, traversant le vide, son regard se perd, ça et là, atteignant des cibles improbables? Tantôt par les formes généreuses d'une cliente ses pupilles sont dilatées, tantôt par l'ignoble larcin de l'ado débile son rectum est irrité... Les talons de ses chaussures noires ont maintes et maintes fois frappé le carrelage tandis que la peur au ventre il allait vérifier l'authenticité d'un gros billet, les multiples cartes d'identité d'un gros payeur, ou les frasques maladroites du gros voleur... En vain... Car comme son nom l'indique, le Far-West c'est loin !!! Nulle aventure extraordinaire ne l'attend, alors de temps en temps, il s'en invente...

Au détour d'un instant fugace, son attention est attirée par la douce et stridente alternance des alarmes de portiques de sécurité. Tandis que la cliente affolée soutient "qu'elle n'a absolument rien volé" à une caissière qui aurait très bien pu se passer de cette réplique du "Top 10", le vigile se précipite alors, avec lenteur et professionnalisme, vers le lieu du crime, prêt à accomplir une tâche qu'il connait bien. A l'instar de nos amis des DOM-TOM, l'agent de sécurité pratique la nonchalance avec une classe et une dérision comportementale qui lui est propre, il n'en reste pas moins qu'il connait très bien chuck norris, et que par conséquent c'est avec la grâce du jaguar qui a la dalle, avançant en direction de sa proie un jour de grève des bouchers, que l'agent imite la démarche du "Texas Ranger", s'approchant lentement de la caisse, pour ne pas créer de mouvement de panique parmi les clients les plus fragiles psychologiquement. C'est la règle. Point de panique inutile.
Bien avant sa couleur de peau, c'est son accent "coupé-décalé", "Jeu de jambe Papi!" qui trahira la chaleur de ses origines, lorsque comme à son habitude il demandera au client ayant déclenché l'alarme de "repasser entre les portes". Le client s'exécutera. Toujours trop vite. 2008 et pourtant, les portiques de sécurité partent encore en vrille pour un lacet mal fait et le client ne comprend toujours pas la règle élémentaire: Avant de repasser, il doit attendre la fin de la musique et des gyrophares. RAS. Pas d'alarme au deuxième passage, le client est "clean". Notre agent aimerait porter le doigt à son oreillette comme Jean-Luc Delarue pour signaler à ses collègues que la situation est sous contrôle, ça lui donnerait un peu l'impression d'être dans un épisode de 24 heures chrono, mais non seulement c'est inutile, mais en plus il n'a pas ce genre d'oreillette... Comme le rêve a ses raisons que l'utilité ignore, pour se faire un kiffe, il va quand même, de temps en temps, mimer le geste et prononcer dans l'air quelques paroles façon GIGN, histoire d'en mettre plein la vue à une étudiante qui passerait par là...

99% des interventions des agents de sécurité se font en mode "Bluetooth", genre zéro contact physique avec le client. Mais alors, me direz-vous, pourquoi avoir attaché tout en haut cette image d'un agent de sécurité palpant un pauvre monsieur à qui le port du bouc va si bien?? Probablement pour le délire, ou parce que c'est tout ce que j'ai trouvé (arf...). D'ailleurs, ce que l'image ne dit pas, c'est qu'ensuite, au détour d'une chambre noire, l'agent va procéder à une fouille anale des plus humiliante, façon Jules Verne, afin de détecter la présence éventuelle de coupe-ongles, parpaings, couteaux, et autres matériaux explosifs ou de construction que le passager aurait pu ingérer par le bas à la manière d'un suppositoire.

Ouais c'est devenu la merde de prendre l'avion...

à suivre...

Vous consommez, Nous encaissons.

CLiEnt SUivAnT !

Ps: Oui, j'en suis conscient, j'étale en l'espace de quelques lignes la plus grosse collection de clichés à l'ouest du Mississipi, mais voyez plutôt cela comme un cas particulier qui s'est présenté aux yeux émerveillé d'un étudiant à la vie glauque et morose...
Big up à nos compatriotes des DOM-TOM et d'ailleurs, et gros respect à nos amis agents de sécurité, et ce, quelque soit le trottoir ayant hébergé leurs premiers pas, la destination imprimée sur leur billet d'avion estival, ou encore la nature de leur relation avec la langue française...